Saison 8

Consultante pour Terre des Hommes, automne et hiver 2013-2014.

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2013 nov. 15

Plomberie afghane

Infiltration, avant travaux
En visitant, il y a maintenant presque trois ans, l'appartement que j'occupe actuellement à Kaboul, j'avais noté une infiltration d'eau dans la salle de bain, en provenance du dessus. Le propriétaire m'avait garanti que le problème était réglé, et qu'il n'y paraîtrait plus après le coup de peinture que je prévoyais d'y passer avant d'emménager. Au fil des mois, pourtant, son assurance a rejoint la longue litanie des problèmes de plomberie des bâtiments afghans. Soit que les principes de l'hydraulique soient imperméables à la culture locale, soit que les tremblements incessants de la croûte terrestre locale rendent impossible le scellement de toute tuyauterie, soit qu'il soit admis que l'usage de l'eau doive s'accommoder de ses débordements, je n'ai encore jamais trouvé ici de sanitaires au sec.

Toujours est-il qu'arrivant cette fois-ci après une absence plus longue que les autres, la situation était devenue franchement invivable. J'ai passé les premiers jours à rechercher un autre logement et puis, comme par miracle, le propriétaire est arrivé en me promettant qu'après son intervention il n'y paraîtrait plus. Je veux bien le croire parce que déménager présenterait plus d'inconvénients que les avantages que je pourrais en attendre, d'autant qu'il a accepté de baisser substantiellement le prix du loyer :) Donc, la salle de bain bénéficie maintenant d'un tout nouvel enduit de ciment, qui sera recouvert d'une couche de peinture fraîche durant le court déplacement que je vais faire en province la semaine qui vient. Gageons que le résultat tiendra bien les six mois que doit durer mon séjour... mais ce n'est pas gagné ;)
Travaux d'assainissement

2013 nov. 12

Communication

Télécommunications à Kaboul
C'est la réussite proclamée de la reconstruction de l'Afghanistan : les investisseurs du monde entier ont emboîté le pas à l'intervention américaine de 2001 pour exploiter ce terrain totalement vierge, faisant pousser des antennes de télécoms comme du blé en herbe, au risque de défigurer les paysages. Mais qui s'en soucie alors que chacun se doit maintenant d'avoir en poche au moins un téléphone portable - même sans réseau.

Comment alors les Afghans passaient-ils leurs messages, avant ? Ils faisaient dans le symbole grandiose, comme ici les vestiges de la muraille qui ceignait Kaboul au sixième siècle contre les Huns ou autres envahisseurs, apparemment indestructible et surplombant le monument de l'Indépendance destiné à glorifier la résistance contre les Britanniques.
Monument de l'Indépendance et muraille de la Porte du Lion

A l'époque contemporaine, les messages passent toujours par les symboles. Quand, après avoir traversé toute la ville pour aller rencontre un interlocuteur, on trouve porte close, on peut se demander s'il n'y a pas là un message. On aura constaté à l'occasion que les chiites qui préparent la célébration de l'Achoura savent aussi passer leurs messages :)
Préparatifs de l'Achoura au bazar de Kaboul

2013 nov. 3

Soirée au noir ;)

Lumières de secours à Kaboul

Que faire, quand la coupure tournante de l'électricité survient dans votre quartier à l'heure où vous rentrez chez vous pour profiter du calme en faisant de menus travaux domestiques ? Vous avez juste eu le temps d'envoyer quelques e-mails de confirmation de vos activités de la journée, ou de préparation du lendemain, et pensez en attendre les réponses en tirant l'aiguille sur des vêtements à adapter localement, ou encore en vous livrant à votre jeu favori en ligne, la voile virtuelle ;) Et voilà que tout s'éteint, il ne fait pas encore nuit mais vous en avez été prévenue parce que vos réglages de route au pilototo n'ont pas été pris en compte (votre fournisseur d'accès à internet a été touché avant vous...) puis parce que le quartier se met progressivement à ronronner du doux concert des générateurs lancés par ceux de vos voisins assez fortunés pour disposer d'un circuit alternatif et des approvisionnements en fuel qui vont avec.

D'abord, vous prenez votre mal en patience, avec l'espoir que l'ennui ne durera pas. Puis la nuit s'impose progressivement, et vous avez allumé un à un les dizaines de photophores parsemés sur les meubles de votre domicile, en pestant parce que les allumettes semblent avoir mal supporté les mois passés, ou parce que les flammes rétrécissent une à une en menaçant de vous laisser dans l'obscurité totale. Et puis, non, vos voisins sont tellement brillamment pourvus que leurs illuminations réverbèrent jusque dans vos pièces :D et vous dotent d'un halo suffisant pour vous repérer.

Alors bon, après avoir remplacé votre dîner de soupe (plus de bouilloire ni de micro-onde) par du pain et du chocolat, deux activités restent possibles : pratiquer dès ce soir la demi-heure de gymnastique prévue pour le matin suivant (ce qui aura le mérite de vous réchauffer); et épuiser la batterie de votre ordinateur portable (en profitant des calories dégagées par le processeur pour vous dégourdir les mains) à préparer en local quelques documents ou messages - comme celui-ci - qui seront envoyés le lendemain.

Et quand ces diverses options seront accomplies, alors il sera temps de se coucher sans lecture - même s'il est encore très tôt, en prévoyant des couvertures supplémentaires.

PS : je mettais ce programme à exécution quand la lumière fut (19h12 locales, soit près de trois heures de coupure) ! ...et mon boat était planté aux Bahamas ;)

2013 nov. 1

Koh-e-Baba

Survol du Koh-e-Baba

Pour peu qu'on ait choisi un siège dégagé de l'aile et orienté au sud, l'arrivée sur Kaboul passe par le survol du massif de l'Hindou Kouch, et son plus haut sommet culminant aux alentours de 6000 mètres, le Koh-e-Baba - la montagne du Vieux, château d'eau de la capitale. Il arrive, par malheur, que sa calotte neigeuse ne passe pas l'été, un signe alors de sécheresse pour toute la région. Ce n'était pas le cas cette année, semble-t-il :)

2013 oct. 30

A Kaboul dans deux jours !

Sésame afghan

C'est un pays qui se laisse désirer ;) mais quand on lui montre de la conviction et de la persévérance, l'Afghanistan accueille toujours ses amis. Munie depuis ce matin du précieux sésame qui m'ouvre un séjour de six mois, j'ai confirmé illico ma réservation de vol pour demain. Après l'escale habituelle à Istanbul, j'atterrirai vendredi à l'heure où les rues sont alanguies par le repos hebdomadaire.

Saison Huit, nous voilà !

2013 août 16

Bien rentrée :)

Rue calme à Zamalek, Le Caire, 15 août 2013

C'est comme un jour de week-end : peu de circulation, seules les ménagères font quelques courses urgentes. Les vingt millions de cairotes, à grande majorité opposés aux Frères musulmans, attendent que leurs activités puissent reprendre normalement... Nous avons pris le périphérique pour aller à l'aéroport - la route directe passe non loin la mosquée Rabaa al-Adawiya devant laquelle se tenait le plus gros campement évacué hier - l'armée contrôlait les points névralgiques. L'avion est parti et arrivé à l'heure...

Les informations font état de plus de 600 morts en Egypte ces trois derniers jours. Les manifestants ont évoqué 2.200 morts et plus de 10.000 blessés.

2013 août 14

Prologue à la saison 8 : Le Caire

La Corniche du Nil au Caire

Après cette carte postale, j'aurais voulu vous emmener à Damiette, une petite ville du delta du Nil, au démarrage d'une action de renforcement de la protection de l'enfance chez les acteurs de la justice locale en zone rurale. Nous étions partis au lever du jour pour éviter les embouteillages. Très vite, pourtant les inquiétudes du chercheur devant assurer l'animation des présentations vinrent mettre nos ambitions en sourdine : il avait eu le plus grand mal à nous rejoindre en raison d'accrochages entre la police et des manifestants. Notre équipée pris un ton de road-movie, de ceux où les voyageurs s'interrogent sur la route à prendre au beau milieu de paysages - ici la banlieue cairote - inconnus et variés.

Constructions en cours, Le Caire

Le responsable de la sécurité de notre mission en sonna bientôt la fin : le bureau restait fermé ce jour, et il nous était enjoint de regagner au plus vite nos abris familiers - maisons pour les locaux, hôtel pour moi - afin de ne pas courir le risque de rester bloqués à l'extérieur de la capitale si la situation s'envenimait. Bien nous en pris, car dès l'arrivée au périphérique du Caire nous avons trouvé un premier barrage constitué d'un énorme car rouge coinçant de toute sa longueur les quatre voies d'un viaduc, et faisant refluer les véhicules vers les petites rues adjacentes à travers la vieille ville.

Barrage sur un viaduc au Caire

Mon escapade égyptienne risque donc fort de ne pas comprendre de photo des Pyramides : demain, il sera probablement tout juste conseillé de se diriger vers l'aéroport, dont les autorités assurent que les activités continuent 'normalement'. Positivons néanmoins. D'abord, une journée de travail s'est transformée en semblant de parcours touristique ;) Ensuite, je vais pouvoir consacrer mon après-midi à la lecture des piles de documents récupérés hier. Et enfin, cette péripétie n'est-elle pas une mise en jambe idéale pour ma nouvelle saison afghane ?

PS (jeudi matin, 4:57): Dès hier soir j'avais voulu poster - sans succès - un complément. Les informations internationales - et non égyptiennes - indiquaient près de 150 morts au cours des évacuations menées par l'armée dans les deux camps de manifestants pro-Morsi au Caire. Là où je suis retranchée (l'île de Zamalek au milieu du Nil, un quartier huppé), rien n'en paraissait. Les rues sont calmes et l'on s'y procure aisément un casse-croûte. Les difficultés d'accès à ce site - que me signale PL - ne sont probablement dues qu'à une faiblesse passagère de son hébergeur... Ce matin, le nombre officiel des morts est de 235 civils et 43 policiers !

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