2010 sept. 5

Grenouille de ville ou grenouille du camp ?

Grenouille de Nidjrab

Grenouille de Nidjrab

C'était il y a trois jours, un collègue civil avait réuni quelques militaires pour leur faire goûter la poire maison qu'il venait de recevoir. Nous en profitions pour leur faire les honneurs nos nouveaux quartiers en racontant les gaudrioles habituelles de ce genre de festivités. Et voilà qu'au beau milieu des libations se glissa subrepticement un specimen de la faune autochtone, tout tremblant sur le pavé de notre coin terrasse, au centre du camp. C'est là qu'on vit surgir le choc des cultures, certains voulant occire l'horrible animal, d'autres faisant un rempart de leur corps pour protéger le téméraire individu.

Je me suis contentée de lui en mettre plein les mirettes avec mon flash, avant qu'il ne s'échappe de toute la puissance de ses cuisses. Les loups-de-mer y verront sans doute un certain tropisme.

Outre mes embarquements virtuels occasionnels ;) , je dispose maintenant de trois domiciles différents, entre lesquels j'entretiens une vie de nomade, la seule qui me convienne vraiment. De Kaboul à Nidjrab, ce sera sans doute quelques sauts par mois, au risque de devenir complètement accro aux magnifiques trajets héliportés en rase-motte dans les montagnes. De Kaboul à Paris, j'aurai droit à une 'période d'aération' toutes les onze semaines. Tremblez donc, sédentaires franchouillards, vous risquez de me voir débarquer début octobre !

Ce rythme légèrement déjanté serait néanmoins le seul qui permette de suivre le fil conducteur vers la paix dans le labyrinthe des antagonismes démultipliés de l'AO. (AO...? area of operations... un des nombreux acronymes qu'il faut apprendre ici pour survivre !) Il s'agira de cheminer sur la marge, de ponter l'opposition entre les logiques de sécurité ou de communication, d'encourager la recherche de l'imprévu. Qui a dit que les grenouilles vivaient dans les marais plutôt qu'au flanc de montagnes désertes ?

Commentaires

1

Une émission fort intéressante sur FR 2 ce soir (hier pour toi). Les journalistes sont allés voir à Caboul où en étaient les expulsés afghans de la "jungle" de Calais. Pas folichon : l'un se terre chez lui, une famille a été décimée, l'un est en cours de retour en Europe, un autre a disparu, enlevé par les taliban ou leurs amis, sans doute conduit au Pakistan, et après paiement d'une rançon, son père a du quitter ses terres. On leur avait promis argent et travail, il ne semble pas que ces engagements aient été tenus sérieusement.

Le jeudi 16 septembre 2010, 23:17 par François Marchand

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