2012 juin 9
La fine fleur afghane à Paris
17:52 - Par Gauhar - Saison 7 - Lien permanent
Accompagnés de jeunes afghans bilingues qui leur servent d'interprètes, cela
fait quatre semaines qu'une sélection de vice-gouverneurs de différentes
provinces de l'Afghanistan écument les préfectures françaises pour y bénéficier
d'un transfert de compétences très apprécié. L'opération a été montée par
l'ambassade à Kaboul, et je tenais à venir saluer ceux que je connais. Les plus
attentifs de mes lecteurs auront reconnu dans le groupe le sous-gouverneur de
Kapisa, déjà présent sur l'une de mes photos de groupe ;)
Raconter l'évènement demande de déployer toute la palette des impressions
caractéristiques d'une histoire afghane. La plupart d'entre eux n'avaient
jamais encore visité l'occident, et s'habituèrent difficilement à
l'environnement : régime hyper light pour certains qui se méfient de la
cuisine locale ; scènes de colonie de vacances dans le métro ;
disparitions inopinées pour cause de shopping compulsif ou même de visite à un
parent habitant l'un quelconque des autres pays de l'Europe ; séances
d'explication des coutumes indigènes : "on dit merci au vendeur !" ou
encore : "ici, on peut marcher dans la rue sans danger !" ...cette
dernière incitation en réponse à une exigence somme toute très ordinaire pour
un haut fonctionnaire afghan, à savoir qu'une voiture blindée avec gardes armés
les transporte d'un point à un autre.
C'est d'ailleurs eux, ce matin alors que j'arrivais à leur hôtel, qui m'ont
appris la tragédie survenue aujourd'hui à Nijrab, où quatre militaires français
ont été tués et cinq autres blessés, ainsi que trois civils afghans, alors
qu'un jeune garçon - d'aucuns disent une personne cachée sous une
burqa - s'est fait exploser au beau milieu du marché de Sherwani Bala.
Leurs condoléances, répondant à celles que je venais apporter pour une attaque
similaire qui avait provoqué la mort de cinq policiers afghans trois jours plus
tôt à Tagab, exprimaient du fond du coeur l'immense désespoir accompagné
d'horreur qui saisit les familiers de l'Afghanistan quand surviennent ces
attentats. Mais eux comme moi savons bien qu'il n'y a d'autre issue que de
continuer à faire ce que l'on fait, du mieux que l'on peut.
Ils m'ont donc assurée que je serai la bienvenue dans chacune de leurs
provinces à l'occasion de mon prochain séjour en Afghanistan. Et je les ai
regardés embarquer avec détermination dans le bus qui les emmenait à l'aéroport
pour le vol du retour, avec leurs bagages excédentaires de tous les cadeaux
qu'ils rapportent à leurs familles.
Commentaires
Le 3ème en partant de la gauche...
Déjà vu à MeR...
Gauhar : gagné !
Le mercredi 13 juin 2012, 23:38 par Pandore NJB