2012 juin 9

La fine fleur afghane à Paris

Les vice-gouverneurs afghans à Paris

Accompagnés de jeunes afghans bilingues qui leur servent d'interprètes, cela fait quatre semaines qu'une sélection de vice-gouverneurs de différentes provinces de l'Afghanistan écument les préfectures françaises pour y bénéficier d'un transfert de compétences très apprécié. L'opération a été montée par l'ambassade à Kaboul, et je tenais à venir saluer ceux que je connais. Les plus attentifs de mes lecteurs auront reconnu dans le groupe le sous-gouverneur de Kapisa, déjà présent sur l'une de mes photos de groupe ;)

Raconter l'évènement demande de déployer toute la palette des impressions caractéristiques d'une histoire afghane. La plupart d'entre eux n'avaient jamais encore visité l'occident, et s'habituèrent difficilement à l'environnement : régime hyper light pour certains qui se méfient de la cuisine locale ; scènes de colonie de vacances dans le métro ; disparitions inopinées pour cause de shopping compulsif ou même de visite à un parent habitant l'un quelconque des autres pays de l'Europe ; séances d'explication des coutumes indigènes : "on dit merci au vendeur !" ou encore : "ici, on peut marcher dans la rue sans danger !" ...cette dernière incitation en réponse à une exigence somme toute très ordinaire pour un haut fonctionnaire afghan, à savoir qu'une voiture blindée avec gardes armés les transporte d'un point à un autre.

C'est d'ailleurs eux, ce matin alors que j'arrivais à leur hôtel, qui m'ont appris la tragédie survenue aujourd'hui à Nijrab, où quatre militaires français ont été tués et cinq autres blessés, ainsi que trois civils afghans, alors qu'un jeune garçon - d'aucuns disent une personne cachée sous une burqa - s'est fait exploser au beau milieu du marché de Sherwani Bala. Leurs condoléances, répondant à celles que je venais apporter pour une attaque similaire qui avait provoqué la mort de cinq policiers afghans trois jours plus tôt à Tagab, exprimaient du fond du coeur l'immense désespoir accompagné d'horreur qui saisit les familiers de l'Afghanistan quand surviennent ces attentats. Mais eux comme moi savons bien qu'il n'y a d'autre issue que de continuer à faire ce que l'on fait, du mieux que l'on peut.

Ils m'ont donc assurée que je serai la bienvenue dans chacune de leurs provinces à l'occasion de mon prochain séjour en Afghanistan. Et je les ai regardés embarquer avec détermination dans le bus qui les emmenait à l'aéroport pour le vol du retour, avec leurs bagages excédentaires de tous les cadeaux qu'ils rapportent à leurs familles.

Commentaires

1

Le 3ème en partant de la gauche...
Déjà vu à MeR...

Gauhar : gagné !

Le mercredi 13 juin 2012, 23:38 par Pandore NJB

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