Comme Washington, comme Moscou, Kaboul aussi a sa "maison blanche". C'est le
bâtiment de sept étages qui abrite les services du Conseil des ministres, juste
en face du ministère de la Défense, à walking distance du palais
présidentiel ou encore de l'ambassade de France. Bien qu'y étant conviée ce
matin pour rencontrer une haute personnalité, je ne vous en propose aucune
photo car elle fait partie des lieux interdits histoire de ne pas donner
d'éléments aux terroristes. Voici plutôt donc la tempête de poussière qui a
suivi peu après sous mes fenêtres...
De l'exercice, je garde un goût amer. Mon interlocuteur a profusément souscrit
à l'argument de ma recherche : pour redonner confiance à la population
afghane écrasée par les intérêts des empires mondiaux, un projet de protection
sociale initié avec des financements privés internationaux est bienvenu.
Pourtant, quand il s'agit de lui demander d'agir pour solliciter des soutiens
symboliques de haut niveau - le président et le chef de l'exécutif -
conjointement afin de dépasser le blocage politique actuel, il dégaine son
argumentaire de bureaucrate entranché dans la logique tribale : "pour être
convaincant, votre projet doit avoir une équipe..." Comprendre : "alignez
donc quelques fonds qui bénéficieront à nos affidés !"
Je lui explique que je compte mobiliser localement des groupes de travail
bénévoles qui feraient émerger des idées nouvelles et dessineraient un projet
pilote avant d'espérer convaincre les grands donateurs. Il me faudrait circuler
librement, avec un visa de longue durée plutôt que des visas de tourisme à
chaque visite. "Même moi, quand je dois aller en Europe, j'attends des semaines
avant de recevoir mon visa ! Les règles sont les règles," semble-t-il
mettre un malin plaisir à me sussurer. C'est le badal, la loi du
talion... Mais il est prêt à me faire "parrainer" au ministère des Affaires
étrangères, pour que je reçoive un statut de consultante-chercheuse dépendant
de ses services. Auquel cas le projet tomberait dans son escarcelle, bien sûr,
avec tous les éventuels bénéfices politiques et financiers !
Le serpent se mord la queue. Les cadres gouvernementaux afghans savent qu'ils
sont les jouets d'un jeu qu'ils ne maîtrisent pas. Ils ont appris à y survivre
en en tirant les ficelles, en ramassant les miettes de la politique du chaos
menée par la Maison blanche américaine. Les tempêtes de poussière sont leur
élément naturel.
dimanche 8 mai 2016
Maison blanche
Par Gauhar le dimanche 8 mai 2016, 13:41 - Saison 13
mercredi 4 mai 2016
La soupe du coin !
Par Gauhar le mercredi 4 mai 2016, 18:04 - Saison 13
Ca fait bien longtemps que je m'étais promis de la goûter. Alors ce soir, au
retour d'une promenade à pied sur la colline pour admirer les couleurs du
couchant et les constructions nouvelles du côté de l'aéroport, j'ai sauté sur
l'occasion quand Shekeb a suggéré de s'arrêter à la boutique. Dommage, je
n'avais pas mon appareil en poche... j'aurais pu vous faire saliver devant un
bol de soupe de pied de veau... bien grasse et bien poivrée, exactement le
genre que j'évite en régime habituel, mais quel délice !
Nous étions les derniers clients de la journée, et le cuisinier a pris le temps
de raconter comment il avait construit sa clientèle dans la boutique d'en face.
Quand le propriétaire mourut, il était resté quelques temps au service de la
veuve, mais son remariage avait rendu la situation compliquée. Depuis un an il
est à son compte. Sa renommée lui assure un revenu confortable grâce aux
commandes groupées des bureaux voisins à l'heure du déjeuner, à 150 afghanis
(environ deux euros) le bol. Un pied de veau coûte 400 AFS, et il en fait sept
portions. Cependant les affaires tendent à baisser, en phase avec la situation
économique et sécuritaire du pays.
Shekeb dit que le moral général remonte depuis que le président Ghani a
proclamé un changement de politique vis-à-vis des talibans, à la suite de
l'attentat dévastateur contre les services de la sécurité nationale il y a deux
semaines. L'esprit de vengeance implacable a pris le dessus, la population s'y
retrouve. La situation devient plus tendue, presqu'électrique. Mais chacun,
dans le quartier, semble mettre un point d'honneur à me faire sentir bienvenue.
Aujourd'hui, mon proprio a même commencé les travaux de réparation des
tuyauteries qui, depuis cinq ans que j'ai emménagé, fuient au-dessus de chez
moi et pourrissent littéralement ma salle de bain. Tout cela fait un peu douche
écossaise...!
vendredi 29 avril 2016
Fin de semaine
Par Gauhar le vendredi 29 avril 2016, 14:34 - Saison 13
S'assurer de la compagnie d'un ami de confiance. Déambuler dans le soleil de
printemps le long des allées du parc. Constater la fermeture du restaurant
qu'on avait ciblé. Se rabattre sur l'étal aux fumets odorants du meilleur
grilleur de kababs de Kaboul. Embarquer de quoi nourrir un régiment. Remonter
avec un plaisir anticipé vers l'ombre de son salon pour déguster l'aubaine,
accompagnée de salades de saison. Plaisir parfait pour un jour de repos
kabouli.
En cerise sur le gateau, cette
enne-plus-une-ième rencontre avec le petit ânier chineur, qu'on a déjà eu le
bonheur de vous présenter ici et ici
Mon ami Djan
en profite pour lui demander s'il va à l'école : oui, en niveau 8 (classe
de 4ème).
Notre conversation ensuite porta sur le sort de ces enfants qui traînent les
rues pour apporter un revenu de complément à leurs familles, quand ils n'en
sont pas les seuls soutiens. Quelle que soit la situation individuelle de
l'enfant - même totalement privé de parent au premier degré - les relations
traditionnelles de solidarité font qu'il existe toujours une maison pour
l'accueillir la nuit. Mais cela n'exclut pas les situations d'exploitation
abusive, ou de nécessité économique passant avant l'éducation. Comment alors
faire parvenir à l'unité économique une aide qui permette la bonne
scolarisation de l'enfant en évitant que cette aide soit détournée à d'autres
usages ? C'est toute la problématique de l'étude que j'entreprend.
Accessoirement, après notre bon repas au calme de mon salon en terrasse
surviennent quelques questions de fond : y a-t-il une chance que mes
travaux actuels apportent une quelconque amélioration à la situation
afghane ? Est-ce seulement un fantasme d'occidentale protégée par son
statut ? Est-il moral de vivre à Kaboul avec mon revenu de riche (?!)
retraitée ? Serait-il plus moral de ne plus venir en
Afghanistan ?
lundi 25 avril 2016
Archives nationales
Par Gauhar le lundi 25 avril 2016, 15:44 - Saison 13
Ces contrats issus des collections afghanes, soigneusement calligraphiés par
des scribes soucieux de la paix entre parties, sont-ils plus caractéristiques
de l'identité culturelle afghane que l'exercice de style exécuté sous nos yeux
par une jeune érudite ?
Les deux sont complémentaires, bien sûr, et ce n'est pas Pascale Bastide,
directrice du Musée de la culture afghane, qui me contredirait, elle qui
inaugurait aujourd'hui aux Archives nationales une exposition d'oeuvres
classiques de toute beauté.
Au titre de la culture contemporaine afghane, on pourrait bien mettre cette
collection de petits métiers de rue que je vous montre depuis ma fenêtre,
non ? D'ailleurs, aujourd'hui j'y ai ajouté celui-ci, que je voulais vous
livrer depuis longtemps sans avoir pu l'alpaguer : le vendeur de glaces
dont le crincrin porte des Happy birthday to you! à tous les coins de
rue pour allécher le client.
samedi 23 avril 2016
Le vieux de la montagne
Par Gauhar le samedi 23 avril 2016, 04:25 - Saison 13
"Dawa push ! Dawa push !" Tel est l'appel que j'entendais tôt ce
matin sous ma fenêtre... Curieuse à mon habitude, d'autant que je comprends
plus ou moins le sens de ce cri (poseur de médicament...?), j'observe un petit
bonhomme coiffé d'un turban de guingois (comme les vieux hazaras) et portant
sur le dos un conteneur en métal : il en sort un tuyau de caoutchouc au
bout duquel est fixé un tube métallique qu'il brandit à la main droite, alors
que sa main gauche tient un sac en plastique contenant diverses boites de
carton. J'en déduis qu'il propose des services de fumigation de produits
variés, insecticide, herbicide, engrais ou autres...
A peine a-t-il tourné le coin que résonne déjà dans le vide des rues l'annonce
d'un autre, qui m'est, celle-ci, incompréhensible. L'émetteur apparaît dans
l'ombre de l'aurore sur un vélo harnaché de sacs en plastique, qu'il stoppe
quasiment sous mon nez - ou du moins dans l'axe de mon objectif - dans une
flaque de lumière reflétée par le bâtiment voisin. Une fois l'engin
soigneusement calé sur sa béquille, l'homme - pas bien vigoureux - franchit
l'égout pour aller frapper du plat de la main au portail métallique devant
lequel il s'est arrêté : deux coups fermes, puis il revient sagement à
côté sa bécane. Il n'attend qu'une ou deux minutes, et la porte s'ouvre pour
laisser passer une gamine qui lui tend un petit paquet. Impossible, de là où je
suis, de voir de quoi il s'agit. Une simple salutation est échangée, la
fillette rentre et le brocanteur satisfait remonte gaillardement son biclou
vers de nouvelles aventures.
Ainsi va le cycle de la récupération et de l'entretien des maisons
particulières, dans un quartier traditionnel de Kaboul aux très petites heures
du jour, alors que le soleil est à peine levé sur la colline du vieux de la
montagne, tapa-e Galidzadan.
jeudi 21 avril 2016
C'est l'heure !
Par Gauhar le jeudi 21 avril 2016, 18:33 - Saison 13
C'est un bonheur de traverser la ville à l'heure de la rentrée des
écoles ! Les grands frères poussent des brassées de petits et les grandes
sœurs tirent des caravanes de plus grands, tous dans l'allégresse de la
recherche de la connaissance. Plus loin, les anciens célèbrent le respect de
cette connaissance dans l'ombre soyeuse des librairies au pied des vieux
quartiers de Deh Afghanan, là où les antiques entrepôts ne servent plus que
d'abris de fortune.
Ils sont des millions de jeunes Afghans à être sortis du système scolaire et
universitaire depuis dix ans. Jusqu'à récemment, quand leur famille avait eu
les moyens de leur offrir une formation diplômante dans un domaine recherché
(anglais, business, informatique, sciences), ils se casaient dans les projets
de reconstruction ou auprès des représentations internationales. Avec le
dégonflage de la bulle de l'aide, la machine s'est enrayée, et leurs
perspectives se tournent vers l'étranger.
Souvent, une bourse d'étude dans un pays développé leur semble la seule
solution légale à leur marasme. Les dossiers sont épais, les documents nombreux
à fournir, et ils doivent être produits en langue anglaise. Pour les diplômés
de l'université de Kaboul, ce parcours d'obstacle est devenu un cauchemar car
sous prétexte de manque de budget, les versions anglaises de leurs précieux
parchemins ne sont plus fournies depuis deux ans. Les jeunes en souffrance n'y
voient qu'une réelle explication : le gouvernement veut les empêcher de
partir. De quoi faire monter la pression de l'insatisfaction populaire
?
mercredi 20 avril 2016
Ça décoiffe !
Par Gauhar le mercredi 20 avril 2016, 13:31 - Saison 13
On ne l'a pas oublié, ici aussi c'est le printemps, avec ses pluies diluviennes
et ses soleils étincelants, qui confèrent à ma colline favorite un petit air de
marin dans la tempête En cinq ans, elle est passée de l'état de calvitie
avancée à celui de tignasse ébouriffée, même si un tant soit peu
galeuse...
La vie suit son cours... Cheers !
mardi 19 avril 2016
Baroud d'accueil
Par Gauhar le mardi 19 avril 2016, 06:48 - Saison 13
Huit heures cinquante-cinq, je suis lovée sur mon lit dans l'espoir que ma
kaboulite passe... Depuis deux jours, mes contacts ont été mi-figue,
mi-raisin : heureux de me voir, globalement pessimistes sur la situation.
Les news locales énumèrent les lieux d'affrontements entre forces de sécurité
nationales et opposants armés, soit une quinzaine de districts où les combats
sont incessants. Les maux de la vie quotidienne s'égrènent comme une
litanie : chantiers en souffrance parce que l'entrepreneur s'est réfugié à
l'étranger (avec l'avance sur travaux...); jeunes exploités par les anciens à
cause de la pénurie d'emplois ; administration publique manifestement en
dehors de la réalité vécue par la population ; théorie du complot
omniprésente : les Américains financeraient les talibans. En fait, les
mêmes qu'en France, n'est-ce pas ? Même s'ils sont exacerbés...
Et puis un grondement fait trembler les vitres de tout l'immeuble. Comme je
dors, que le temps est plutôt maussade, je crois d'abord à un coup de tonnerre.
Mais je suis réveillée maintenant, je vais à la fenêtre. Instinctivement, je
regarde dans la direction du quartier diplomatique. Un énorme nuage noir
s'élève en champignon. D'après mes repères, ça pourrait être charrah-e
sedarat zambak, le point de contrôle de l'accès à la zone
verte.
La circulation en bas de mon immeuble n'a pas changé de rythme. Le ballon
d'observation, qui était à terre au moment de l'explosion, s'élève lentement
vers le ciel. On entend au loin quelques sirènes de police. Bienvenue à Kaboul
!
Photo Pajhwok Afghan News
Neuf heures trente, première alerte sur le site de Tolo News (sic):
"A heavy explosion rocked Kabul at about 9am local time on Tuesday. Early
reports indicate it was a car bomb but officials have yet to confirm this. The
blast reportedly occurred in PD2 in Pul-e-Mahmood Khan area. Reports of gunfire
were also heard. Not details as yet on casualties." Rapidement, des
détails sont publiés : la cible est un service de protection des VIP
dépendant de la présidence et situé près du ministère de la Défense. Des
combats sont en cours à l'intérieur.
Dix heures : au moins deux douzaine de personnes auraient été tuées, des
forces de sécurité entourent le lieu de l'attaque et les combats continuent.
Dix heures trente : les victimes seraient en fait de six morts et une
vingtaine de blessés. Dix heures cinquante-trois : le nombre de blessés
s'élève à 198... Onze heures trente, le nombre passe à 208. L'attaque serait
terminée avec l'élimination des assaillants par les forces spéciales
afghanes.
A 14h41, ToloNews publie le dernier bilan : 28 morts et 327
blessés, pour la plupart des civils. Les détails indiquent que la majorité a
été blessée par des éclats de verre, parfois jusqu'à un kilomètre de distance
de l'explosion, provoquée par un camion-suicide bourré d'explosifs. Maisons et
boutiques à proximité ont subi des dégâts importants.
19h10 : A l'instant, nouvelle explosion, moins forte mais plus proche que
ce matin. Il fait déjà nuit. Les voitures en bas de chez moi klaxonnent pendant
quelques minutes, puis le carrefour, généralement encombré à cette heure-ci, se
retrouve désert. Les gardes de Dostum ont pris leurs positions. Tout redevient
calme. Ce qu'en dit Pajhwok à vingt heures : Another bomb
explosion was heard in Kabul late on Tuesday evening hours after a deadly
suicide car bombing left 28 dead and hundreds wounded. Interior Ministry
spokesman Sediq Seddiqi told Pajhwok Afghan News the latest blast took place at
7:15pm in Sherpur area of Kabul on a street. He said it was a
remotely-controlled landmine blast that caused no casualties. The official said
the target of the blast was not immediately known.
Mise à jour du lendemain : le bilan s'établit à 64 morts et 347 blessés.
Synthèse après une semaine : les soixante-quatre morts ont été abattus à
l'intérieur du bâtiment des services de sécurité, par trois assaillants revêtus
d'uniformes de la police de sécurité. Ils portaient une chemise blanche comme
signe distinctif. L'un d'entre eux a pu quitter les lieux sans être
inquiété.
samedi 16 avril 2016
Au fil des saisons
Par Gauhar le samedi 16 avril 2016, 16:56 - Saison 13
Aux fenêtres nord de mon appartement se tient un assemblage hétéroclite des
différents types d'habitats kaboulis : les constructions en béton plus ou
moins luxueuses avoisinent les traditionnelles maisons en pisé. Et je vous en
ai fait vivre les aléas au fil de mes saisons. Quand j'y suis arrivée, le
jardin planté de roses et entouré de bâtiments de plain pied donnait un air
d'opulence à une nombreuse famille, dont les rejetons s'affairaient à entretenir l'état, sinon
le lustre. Quelques temps plus tard, un bâtiment peu amène s'est
construit au-dessus d'eux, sans que ce voisinage encombrant semble affecter
la sérénité des habitants.
Aujourd'hui, la cour n'est plus fréquentée que par une mamie échinée, et les
toitures n'ont visiblement pas été entretenues pendant l'hiver, donnant lieu à
une exubérance d'herbes folles. Après quatre ans de côtoiement, il semble bien
que les modernes aient pris le pas sur les anciens.
vendredi 15 avril 2016
Bienvenue à Kaboul !
Par Gauhar le vendredi 15 avril 2016, 14:56 - Saison 13
Comme moi, ces deux filles sortent de l'avion. Comme moi, elles ont attrapé à
Istanbul le vol de nuit qui récupère tous les voyageurs en provenance d'Europe
et à destination de l'Afghanistan. Comme moi, elles ont tiré leurs valises à
travers les allées sécurisées jusqu'à la zone de stationnement où des familiers
vont venir les chercher en voiture. Comme moi, elles attendent joyeusement,
tout à leur bonheur de se retrouver dans la capitale chère à leur cœur, Kaboul
jan... Comme moi, elles ont glissé sur leurs cheveux, à l'atterrissage, un
foulard qui leur confère une aura de bienséance.
C'est un geste de pure forme, un simple ticket d'entrée. Car leur attitude les
place d'emblée dans le clan des aventurières, des rebelles. Elles se
congratulent en s'immortalisant mutuellement sur leurs téléphones. Leurs
tuniques mi-longues dévoilent largement les courbes de leurs corps, haussés sur
des talons improbables et soigneusement parés des attributs de la féminité
flamboyante. Elles font partie de ces enfants de la guerre qui ont accédé à
l'adolescence au beau milieu de la bulle de l'aide internationale, les jeunes
'Titanic' : ils portent à bout de bras et à leurs risques et périls
l'ambition d'une société où les déterminations individuelles s'épanouissent et
contribuent au progrès de tous. Elles sont la facette paillettes de la médaille
du courage décernée périodiquement dans les soubresauts de l'actualité afghane,
comme Farkhunda il y a un an, en avait présenté une facette vertueuse et
martyrisée. Bon courage, les belles !
Dans la série des gestes d'accueil, j'ai eu droit aux grands sourires du fils
du kaka ouzbek chez lequel je fais mon marché depuis quelques années.
Jusqu'à présent, ce garçon d'une vingtaine d'années se renfrognait quand il me
voyait débouler dans la boutique. Je comprend que, depuis la dernière fois, il
a appris que j'étais française et non pas américaine comme il le croyait
jusque-là... Manifestement, ça change tout !
mardi 12 avril 2016
Fin de règne ou nouvelle saison ?
Par Gauhar le mardi 12 avril 2016, 13:53 - Saison 13
Le rite d'initiation d'une nouvelle saison, c'est l'obtention du visa. Pour
inaugurer ma treizième, j'avais donc pris un peu d'avance en prévision de la
difficulté de traiter à distance puisque je n'habite plus en région parisienne.
Fin mars, pour un départ le 14 avril, j'ai adressé à l'ambassade d'Afghanistan
à Paris le dossier par lettre recommandée avec accusé de réception. J'ai
pratiqué de nombreuses fois (une vingtaine ?) la procédure de visu,
restait à faire aboutir la procédure in absentia. J'ai commencé à
m'inquiéter dès les premiers jours d'avril : impossible de joindre au
téléphone le service des visas, en dépit d'une annonce enregistrée donnant des
horaires très stricts : j'ai essayé avant, pendant, après, bernique !
Impossible donc de confirmer que mon dossier suivait son cours, même si le
secrétaire de l'Ambassade m'assurait que si un quelconque problème surgissait
on saurait me le faire savoir. Je lui ai précisé que je passerai moi-même
récupérer mon passeport à l'ambassade avant mon départ.
Et puis, dès la seconde semaine d'avril, mes inquiétudes se sont faites plus
précises : pas d'accusé de réception dans ma boîte aux lettres ilienne, et
encore moins de contact avec le service des visas. Lundi, trois jours avant le
vol et à la veille de mon départ pour Paris, le bureau de poste d'expédition du
dossier confirme mes pires craintes : ma lettre n'a pas été distribuée,
malgré deux présentations et une mise en instance dès le 2 avril au bureau de
La Muette. Au téléphone avec le secrétaire d'ambassade, j'ose une pointe de
sarcasme : "Permettez-moi de vous féliciter pour la nomination d'un nouvel
ambassadeur !" en assortissant immédiatement ses remerciements d'une remarque
perfide : "Est-ce la raison du manque d'organisation actuel des services
consulaires ?" Aussi désobligeante que puisse sembler cette diatribe, elle
obtînt son effet : le secrétaire m’assura qu'il se mettait immédiatement à
la recherche de mon dossier. Ce matin, il était déjà en possession de l'avis de
présentation et affirmait qu'il enverrait 'dès que possible' une personne à la
poste se saisir de la lettre !
Le stress que provoque chez moi ce contretemps rend plus incisive mon analyse
de la situation. Est-ce vraiment l'absence d'un ambassadeur depuis de longs
mois qui a provoqué la déliquescence de l'administration afghane en
France ? Est-ce plutôt la déliquescence générale de l’administration
afghane qui se répercute par vagues successives jusque dans les représentations
diplomatiques ? Ou encore s'agit-il d'une réticence spontanée de tout
Afghan à exécuter simplement une tâche administrative somme toute
ordinaire ? De fait, il y a à peine quelques semaines, j'ai été confrontée
au même type de blocage dans ma mairie de banlieue parisienne, où je voulais
obtenir un nouveau passeport - histoire d'avoir plein de pages blanches à faire
remplir de tampons exotiques au gré de futures navigations. L'employée s'est
trouvée démunie devant une question que je lui posais alors qu'elle était sous
l’œil de sa hiérarchie, et elle a perdu son calme, m'intimant alors de
reprendre rendez-vous plus tard. Autant dire que j'ai laissé tomber, en
espérant trouver plus d'empathie et de zénitude dans les services de mon
nouveau domicile...
Alors donc, ces différents incidents ne sont-ils pas, bien malheureusement, le
signe que les sociétés du monde entier sont en train de se dissoudre sous les
assauts conjugués de l'esprit de modernisation (en fait la suppression
du liant humain dans toute démarche administrative), l'esprit de
compétition (par lequel chacun cherche à tirer son épingle du jeu au
mépris des conséquences pour autrui ou pour le bien commun) et l'esprit de
clocher (qu'on appelle tribalisme à propos des régions 'non civilisées')?
L'instabilité afghane n'en est pas une cause, elle en est un symptôme. Mais ce
sont les populations de ces régions instables qui en subissent les plus graves
conséquences. J'espère néanmoins que cette nouvelle saison obtiendra les
résultats souhaités pour eux et pour nous : le démarrage d'un projet
pilote de protection sociale pour les Afghans, financé par la solidarité
internationale.
PS, jeudi matin : Hier, donc, j'en étais encore à me demander si
l'essoufflement des administrations et le stress généralisé allaient bloquer ma
nouvelle saison. Aujourd'hui, de retour de l'ambassade d'Afghanistan pour la
deuxième journée consécutive, ayant littéralement fait le siège du consulat
pour que ma lettre soit dument récupérée à la poste, j'aborde rassérénée la
perspective de mon départ cet après-midi, passeport et visa en poche, avec pour
viatique les photos du printemps en France, dans les jardins nantais ou sur les
rives de la Seine. Kaboul est à nous !
lundi 15 février 2016
Sandra Calligaro, Afghan Dream
Par Gauhar le lundi 15 février 2016, 18:21 - Saison 12
Les sons du CD me plongent dans l'ambiance étalée en couleurs sur les pages
de ton livre... Le résultat est encore plus fort que je ne
l'imaginais ! J'y retrouve la résonance que le quotidien déchiré des
Afghans n'a pas manqué de provoquer avec ta personnalité à fleur de peau. Et
l'émotion permanente. Ce rêve en images est aussi une réalité incontournable,
la perspective d'un mur plus inflexible que le béton qui quadrillera bientôt le
monde entier si nous ne savons le rendre au mouvement essentiel de l'eau et du
sable, à la fertilité de l'humus et à l'éclosion des roses.
Merci Sandra !
samedi 16 janvier 2016
Une hirondelle ne fait pas le printemps
Par Gauhar le samedi 16 janvier 2016, 06:16 - Saison 12
Les Afghans possèdent de nombreux dictons, mais je ne connais pas celui qui
correspond à notre proverbiale hirondelle. Bahar, le printemps, est le nom de
la petite afghane que Rob Lowrie a voulu emmener vers sa famille anglaise.
Qu'il n'ait pas subi les foudres de la justice mais seulement une peine
symbolique n'atténue pas moins l'ampleur du problème. Des millions de personnes
cherchent à fuir les zones instables du globe, ce qui est leur droit le plus
absolu. Certaines se retrouvent coincées dans les arcanes indifférentes des
administrations de nos pays, l'égoïsme de nos sociétés et la précarité de camps
de fortune, tel celui de la jungle de Calais. Ce n'est pas la place
d'une petite fille de quatre ans. Ce n'est pas non plus digne des fondements de
nos institutions : "Les êtres humains naissent et demeurent libres et
égaux en droits."
Signer, donner comme vous pouvez le faire par les réseaux sociaux, ne suffit
pas. Les pays d'origine de ces millions de migrants subissent la rapacité de
notre logique de compétition économique, industrielle et sociale : c'est
pour exploiter leurs matières premières que les empires du monde se font la
guerre chez eux. La solution ? Baisser les exigences de croissance de nos
sociétés riches, et réaffecter une part de l'action militaire à l'aide au
développement pour les populations à la source de ces mouvements de survie.
C'est aussi construire des systèmes de protection sociale qui permettraient à
chacun de garder l'espoir d'une vie digne dans sa société d'origine. A nous de
les y aider.
PS : Et parce que les nouvelles se suivent sans se ressembler, je viens de
récupérer ma valise égarée depuis samedi dernier... Le livreur dit qu'il y
avait un pataques indescriptible à Roissy, et que mon bagage faisait partie
d'un lot de plusieurs centaines concernant plusieurs compagnies. Un couac,
quoi ! Conclusion, la compta d'AD est en lieu sûr - ainsi que mon Opinel,
et je vais pouvoir régaler mes amis des amandes, oranges amères, krout,
grenades et senjet qui en constituaient l'essentiel
mercredi 13 janvier 2016
Drifting East
Par Gauhar le mercredi 13 janvier 2016, 20:09 - Saison 12
La saison 12 aurait pu se clôturer sans tambour ni trompette, mais
l'Afghanistan ne se laisse pas si facilement oublier et ce sont tablas, viole
et violoncelle qui m'ont été proposés pour dériver vers l'est. ''Drifting East'' est un CD produit par trois jeunes
artistes qui se sont rencontrés à Kaboul à l'initiative du Centre national
de la Musique, et qui proposent des arrangements de mélodies afghanes pour
instruments à cordes occidentaux. Merci Bruno !
Certains rappels sont moins heureux. Ainsi, depuis trois jours je tire toutes
les ficelles possibles pour récupérer ma valise. C'est qu'outre les habituels
cadeaux de fruits ou artisanat local, elle contient des documents
irremplaçables, les originaux de toutes les factures de la comptabilité
annuelle de l'association que je suis partie auditer, Afghanistan Demain. Les
petits malfrats qui l'ont peut-être laissée éventrée dans un bois se fichent
pas mal des dégâts qu'ils produisent, écœurés sans doute du manque de réel
butin. Espérons que les procédures légales aboutiront, et qu'en prime je
récupèrerai l'Opinel que j'avais déjà sauvé
l'année dernière après un acte aventureux, alors qu'il est maintenant
sagement coincé au fond de ma trousse de toilette, à mon désespoir.
Heureusement, il y a la musique pour me consoler
dimanche 10 janvier 2016
A tire d'aile
Par Gauhar le dimanche 10 janvier 2016, 11:50 - Saison 12
Ce furent deux mois bien remplis et plutôt agités. Sur cette période, Kaboul a
été soumise à cinq tremblements de terre, une attaque à la roquette, six
attentats suicide au véhicule piégé, les nouvelles de perte de contrôle d’une
dizaine de districts dans tout le pays, trois heures chaque jour de coupures
d’électricité tournantes quoiqu’imprévisibles, une déconnexion d’internet
toutes les vingt minutes sur le réseau 3G, des embouteillages biquotidiens aux
heures de pointe, une rupture de câble réseau international, une quantité
innombrable d’événements familiaux imprévisibles, aucune chute de neige, et
beaucoup de paroles creuses concernant les pourparlers de paix, la situation
sécuritaire ou le développement économique. L’ensemble appose aux différentes
rencontres une difficulté certaine pour nos interlocuteurs à rester focalisés
sur des questions précises, ainsi qu'une propension à rechercher des dérivatifs
auprès des représentants du monde qui leur est inaccessible.
On les aime. On reviendra. Et au moment du départ, on se réjouit des péripéties
somme toute bénignes. Le vol est retardé de quatre heures parce qu'il faut
changer d'avion et en faire venir un autre d'Istanbul ? Cela prouve le
sérieux de la compagnie à laquelle on confie son transport. Et de surcroit cela
permet un décollage à une heure inhabituelle avec un ensoleillement parfait
pour les photos. Au nord de l'aéroport se profile une nouvelle ville, née de la
pression démographique de millions de déplacés venus chercher à la capitale les
promesses du développement économique, là où l'espace n'était, il y a dix ans,
dérangé que par les compétitions de bouzkachi.
Ensuite c'est le déroulé des magnifiques montagnes couvertes de neige, dont on
suit la progression avec le coucher du soleil. Quand on atteint Istanbul, la
nuit vient de tomber, et la ville projette toutes ses lumières dans un
kaléidoscope géant. On sait qu'on n'aura qu'une demi-heure pour changer de vol,
et on a la chance d’attraper la correspondance ! Alors on considère comme
un avantage supplémentaire que son bagage n'y ai pas, lui, fait le transfert en
même temps... puisqu'il arrivera tout seul à votre porte le lendemain
matin, livré par les équipes de l'aéroport, ce qui vous évite d'avoir à
trimballer vous-même les trente kilos de menus cadeaux qu'il contient
A vous revoir, les Kaboulis !
jeudi 7 janvier 2016
Soupe de poulet, avec des légumes !
Par Gauhar le jeudi 7 janvier 2016, 12:32 - Saison 12
A la faveur des embouteillages, on savoure les détails couleur locale, comme
ici l'éventaire ambulant de Pakiza, qui vante et vend au détail une "soupe de
poulet avec des légumes"... On ne l'a pas goûtée, puisque les consignes
enjoignent de filer au plus vite afin de ne pas attirer l'attention. Mais le
pas de sénateur que nous impose l'heure de pointe aux abord du pont d'Hartal
permet de saisir la qualité des légumes promis, tels que fournis par les
maraîchers du lieu...
...ainsi que le cadre de vie des
clients.
C'est dans ces quartiers populaires de Kaboul, comme dans les quartiers plus
chics, que se manifeste "l'âme afghane". Ainsi, il y a quelques jours,
l'Ambassade avait-elle émis un message d'alerte : le soir même,
l'Afghanistan jouait à Delhi la finale de la coupe inter-asiatique de football.
En cas de victoire, la ville risquait d'exploser, sous forme de tirs de joie...
à balles réelles bien sûr puisque les armes sont largement disponibles dans
chaque foyer qui se respecte, entre autre mais pas seulement pour ces
manifestations traditionnelles d'enthousiasme. On sait que des mariages ont été
pris pour cible par des drones pour ce simple motif. On sait aussi que même
tirées en l'air, des balles peuvent faire des victimes malheureuses. En
prévention, et pour encourager l'expression symbolique de l'honneur dans le
sport, le gouvernement afghan lui-même s'était fendu d'un message de soutien
aux sportifs nationaux - message assorti d'une interdiction des tirs festifs.
Le soir dit, j'ai bien entendu deux ou trois salves, c'était à l'occasion du
premier but, marqué par l'équipe afghane. Puis la soirée s'était perdue dans la
déception, l'Inde ayant égalisé juste avant la fin du temps réglementaire, puis
marqué de nouveau dans les prolongations. Néanmoins l'honneur était sauf, et
l'équipe fut accueillie en triomphe en dépit des attaques répétées des talibans
contre l'aéroport.
Hier soir, réveillée dans mon premier sommeil par des rafales de kalachnikov,
j'ai rapidement compris que l'honneur national était de nouveau
sollicité : les pétarades festives ont duré plus d'une demi-heure dans
toute la ville. Ce matin seulement j'en ai compris l'objet : l'Afghanistan
vient d'accéder en première division internationale de cricket en battant le
Zimbabwe à Dubaï à Sharjah aux Emirats. La soupe locale aura
meilleur goût pour tous ! (PS : J'apprends à l'instant par les news
qu'une personne a été blessée hier soir et que 35 autres ont été arrêtées en
liaison avec les débordements festifs. Pour eux, la soupe sera moins
bonne...)
mardi 5 janvier 2016
Soufi
Par Gauhar le mardi 5 janvier 2016, 15:01 - Saison 12
C'est pour se couler dans son aura de sérénité qu'on arpentera les rues. Pour
retrouver la musique des sphères et les paroles de l'infini dispensées par le
saint homme à la recherche de vérité. Comme lui peut-être, on voudra se nourrir
de fromages et de fruits secs. Ou alors on se laissera tenter par les
succulents mets traditionnels que la carte propose aux amoureux du lieu.
Sur le chemin, pourtant, on est pris d'un doute. N'est-ce pas le prochain lieu
promis à la vindicte des terroristes ? Justement parce qu'il reçoit ceux,
locaux ou internationaux, qui cherchent à faire retraite de la fureur du monde.
On y rencontre les amis insaisissables autrement derrière les multiples niveaux
de sécurité érigés à cause de ces mêmes terroristes. Ici à Kaboul, on comprend
comment une société soumise à un stress sécuritaire impitoyable et
multiséculaire a abouti à une culture de l'enfermement librement accepté. C'est
celui qu'imposent les délégations étrangères placées dans le même contexte...
Le soufisme n'est-il alors qu'un moyen de se libérer d'une réalité autrement
insupportable ? Est-ce cela la découverte afghane ?
On aperçoit le jardin derrière le verre brisé. Y pénétrer pour vivre est en soi
un risque. Il n'est pas de vie sans risque.
jeudi 31 décembre 2015
Ça ira mieux demain... bonne année !
Par Gauhar le jeudi 31 décembre 2015, 07:04 - Saison 12
Manœuvres pour un ou deux dollars la journée, les portefaix signalent leur
disponibilité au bord de la route. Et comment y être mieux installé que sous
les rayons du soleil d'hiver, bien calé dans l'outil de son travail,
l'instrument de son artisanat... dont l'entretien parfait garantira
l'empressement des clients à venir !
Demain, le business sera florissant Bonne année !
mardi 29 décembre 2015
Karatchi
Par Gauhar le mardi 29 décembre 2015, 13:49 - Saison 12
Quand un enfant travailleur vous parle de karatchi, il ne pense pas à
la grande ville portuaire du sud du Pakistan, où pourtant peut-être il est né
quand sa famille était en exil. Non, il s'agit bien plutôt de la carriole
ambulante qu'il pousse, seul, avec son père ou avec un patron d'occasion. Ils
sont omniprésents dans les rues de la ville, autant d'étals soigneusement
présentés qui fournissent l'essentiel de l'approvisionnement des familles
populaires. Ces commerces ne sont soumis à d'autre réglementation que le bon
vouloir du policier qui régente le coin de trottoir où l'on s'arrêtera, au
besoin en lui graissant la patte.
La semaine dernière, dans les centres d'accueil de jour d'Afghanistan Demain, à
YakaTut près de l'aéroport, à DehMazang à flanc de la montagne de la télé ou à
ChehelSetoun au sud de la ville - où certains d'entre eux bénéficient de cours
de rattrapage scolaire pour réintégrer l'école publique - ils étaient plusieurs
à nous expliquer leurs horaires : levé à six heures - il fait encore noir
- pour se mettre en route le ventre creux vers la ville en poussant sa charge,
et espérer se trouver à l'endroit convoité à l'heure de pointe (huit heures);
de longues heures à attendre le chaland dans le froid avant d'être libéré pour
rejoindre le centre à treize heures et y trouver enfin son premier repas de la
journée. Et pour ce labeur, rapporter à sa famille entre 70 et 150 afghanis par
jour, entre un et deux dollars.
Il me semble bien reconnaître le sourire de ce vaillant garçon partageant avec
son père les devoirs de l'économie familiale.
PS qui n'a rien à voir : voici sur internet
le résultat de la consultation dont je vous parlais la semaine dernière
La chère Anastasia reprend les termes tels quels, puis interprète comme elle
l'entend, mais pouvait-on s'attendre à autre chose...? Merci Google Alerts de
m'avoir... alertée
mercredi 23 décembre 2015
Britanniques et Russes : ''The Great Game revisited ?''
Par Gauhar le mercredi 23 décembre 2015, 13:49 - Saison 12
Cela fait juste un an que l'agence
russe ''Sputnik'' avait sollicité mes 'lumières', et l'hebdomadaire américain
''Newsweek'' lui avait emboîté le pas l'été dernier... Me voilà donc
sacrée oracle international puisque - jamais deux sans trois - l'équipe de
Moscou réclame à nouveau ma contribution, bien qu'aucune des précédentes n'ai
fait l'objet d'une publication. Il s'agit cette fois-ci de me soutirer des
commentaires sur l'implication de forces spéciales britanniques dans les
opérations de contrôle de l'insurrection dans le sud du pays.
Dear Anastasia: Again, I have no competence to judge on military
operations. What can be felt from my Afghan friends here in Kabul is a total
dismay at their own Government's incapacity to deal with surprise attacks in
various parts of the country. But how could a client State cope with foreign
interests which are too big for their ability? We know that terrorism cannot be
prevented, especially when fighters intend to die: no army could defeat it,
even with the most sophisticated equipment.
My own analysis of the global situation is that major world powers from any
block have to understand this, and start considering the real life of the
people living where their empires - be it Western block, Russia, China or else
- overlap and compete for untapped ressources. Afghanistan is such a margin
area. People here have lived under external pressure for millenaries. What they
need now is human consideration, a sign that they are not just expendable pawns
on the world chessboard. This would start with rich countries to cooperate and
invest on social protection systems in these areas rather than fight one
another in desperate support for local State's security.
Et juste pour vous remercier d'avoir lu jusqu'ici, ce cliché pris sur l'étal
d'un vendeur ambulant de mon quartier : comme un clin d’œil à ce qu'est
réellement la solidarité avec les populations... malheureusement en voie de
disparition puisque les ONG quittent une à une le pays, en laissant derrière
elles les signes de leur passage !
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