Le blog de Gauhar

Toute la journée j'ai couru le camp à la recherche de ma carte postale de Nouvel An...

Je voulais la neige, cette fine pellicule apparue il y a trois jours sur les plus hauts sommets, dans le dévers sud des pics de l'Hindu Kush, déjà largement encombrés de congères sur leur versant nord. Ici, l'effet de foehn assèche les velléités de précipitation des petites dépressions septentrionales. Quand une grosse franchira les montagnes, nous serons submergés, mais ça n'arrive pas tous les hivers.

Je voulais la vie du camp, mais je ne peux vous en montrer que des fragments édulcorés : pas de personnes identifiables, pas de plans plongeants qui pourraient donner des indications à d'éventuels assaillants, pas d'alignements de matériels ou d'affichage de technologie, tout cela est secret défense...

Et je ne voulais pas de photo de fête ni la sempiternelle image de femme voilée sur fond de misère.

Alors voilà ! Sur le camp, ce sont les containers qui donnent les couleurs. Et ce sont les montagnes qui emportent l'âme. Imaginez dans ce décor les cohortes de sportifs qui cherchent chaque matin leur régénerescence dans le nombre de tours qu'ils accomplissent le long du bastion wall. Imaginez l'attente de chaque locataire : celui accroché par wifi à sa famille entre deux opérations de 'nettoyage' ; celui qui cherche à organiser le-dit nettoyage sans connaître du terrain réel rien de plus que ce qu'il voit au-delà des blocs de béton, sinon des cartes satellites ou des rapports des forces spéciales ; celui, comme mes collègues et moi, qui travaille à une issue politique tout en restant contraint par les règles de sécurité de la logique d'affrontement.

Alors on se fait son cinéma intérieur, à l'échelle du grandiose écrin minéral qui révèle notre insignifiance matérielle en même temps que la réalité de notre lien au monde et aux autres. Bonne année à tous !