A bientôt, on espère un nouveau départ après le résultat des élections.
2014 avr. 25
Rendez-vous à l'automne
Par Gauhar
2014 avr. 25
Par Gauhar
A bientôt, on espère un nouveau départ après le résultat des élections.
2014 avr. 23
Par Gauhar
Ce matin, toute à la joie d'en avoir terminé avec le rapport sur les mineurs
dans la justice traditionnelle que je livrerai demain à TDH, j'ai décidé de
m'élever au-dessus de ma condition de simple habitante de Kaboul et d'aller me
sanctifier dans le soleil levant, au milieu des tombes qui peuplent la colline
devant ma fenêtre. Cela m'a permis d'élargir mon paysage, et de vous offrir
maintenant un panorama (presque) complet de la guirlande de hauteurs qui
ceinture Kaboul et en forme la cuvette.
La plus célèbre, ci-dessus, est Sher Darwaza, la porte du lion, 2213 mètres
d'altitude, sur la partie gauche de la photo et dans la direction du sud-ouest
par rapport à moi. Elle est brodée de la muraille du même nom, construite avant
l'Islam mais nul ne sait vraiment quand, pour protéger la ville des
envahisseurs. Sur la même photo, côté droit, c'est Koh-e Asmai, 2097 mètres,
mieux connue comme 'montagne de la télévision', puisqu'en sa qualité de point
central de la ville elle porte les stations d'émission et de relais des
communications nationales. Dans la fêlure qui les sépare passe la rivière
Kaboul, ou du moins le bourbier qui en porte le nom à la saison sèche et a
donné naissance à la ville du même nom : kah poul, le pont de
paille. Ces deux collines séparent en deux la ville : de l'autre côté se
trouve la moitié sud, avec l'université, le parlement et les ruines du palais
royal, Darulaman.
En restant de mon côté et en se tournant vers le nord-ouest, le point culminant
(2219m) de la première chaîne de colline sur la gauche s'appelle Koh-e
Galidzadan, ou 'montagne du vieux', ou Koh-e Chehel Gazi, 'montagne des
quarante voleurs'. En regardant attentivement, on peut imaginer le profil d'un
homme regardant le ciel...La chaîne de colline sur la droite, en direction du
nord à 2159 mètres maximum, est Khair Khana, 'la bonne maison', un des nouveaux
quartiers de Kaboul avec ses lotissements sauvages et ses campements de nomades
et de réfugiés à flanc de coteau. L'entaille entre ces deux barrières est le
col de Khair Khana, où passe la route de Chamali, l'axe principal de
communication vers le nord du pays. Derrière, c'est l'avant-garde de l'Hindou
Kouch qui se profile, avec la montagne de Paghman à 4675 mètres.
Vers le nord-est et culminant à 2190 mètres, c'est la colline de l'aéroport,
Tapa-e Rajah Rawash. C'est là que se joue tous les jours le ballet des
hélicoptères de la coalition entre les va-et-vient des vols internationaux,
au-dessus des tous nouveaux programmes immobiliers qui poussent comme des
champignons. Un œil acéré peut distinguer au-delà la montagne du Panjshir et
celle des Safi, toutes deux encore blanches.
Bien qu'elle ne soit pas visible de là où j'étais ce matin, je termine ce tour
d'horizon par un cliché pris de ma fenêtre il y a trois jours : c'est
Chaperi Ghar, qui clôt la cuvette à 3360 mètres à une trentaine de kilomètres
vers le sud-est. Elle surplombe la rivière Kaboul qui s'écoule vers Peshawar en
traçant des gorges hallucinantes où se hisse la route de Djallalabad. C'est à
son sommet que s'est écrasé, en 2005, un vol intérieur de la compagnie Kamair
en provenance de Hérat. La rumeur indique qu'un puissant et coléreux passager
avait contraint le pilote à décoller en dépit des menaces que la météo faisait
planer sur les conditions d'atterrissage à Kaboul.
2014 avr. 16
Par Gauhar
Voilà plusieurs fois que je vois passer sous mon nez un objet étrange : ça
n'a pas la taille d'un chinook, ça n'a pas la couleur d'un chinook, ça ne fait
pas le bruit d'un chinook, et pourtant ça ressemble à un chinook ;)
Qu'est-ce ?
2014 avr. 14
Par Gauhar
La rentrée des classes a eu lieu il y a quinze jours, avec la nouvelle année
afghane. Et avec le vent de printemps, qui domine maintenant la météo kaboulie
et les rêves des gamins.
Depuis qu'ils ont repris le chemin de l'école, les garçons ont aussi retrouvé
leur distraction favorite, le cerf-volant. Soit qu'ils aient quelques afghanis
pour se fournir dans une échoppe de quartier une merveille multicolore, soit
qu'ils aient confectionné eux-même leur engin à l'aide d'un sac en plastique et
de deux bouts de bois, ils veulent tous conquérir le ciel au bout de leurs
ficelles et vaincre leur copains.
Il n'y a pas d'âge pour apprendre, même si les premiers efforts risquent fort
de rajouter aux guirlandes de débris qui ornent les poteaux et fils de la ville
;)
2014 avr. 11
Par Gauhar
Que fait un boutiquier dont la devanture a été squattée par les défenses de
l'administration mitoyenne ? Il se réapproprie son outil de travail en
réaffectant à un usage plus civil les encombrantes protections !
2014 avr. 7
Par Gauhar
Les Kaboulis ont repris leurs activités comme si de rien n'était, après ce
week-end électoral qui a focalisé les esprits et désorganisé la vie économique.
Les premières estimations ont été publiées et l'on ne saurait
trop se féliciter qu'une agence de presse afghane ait pris l'initiative de
procéder à des estimations à partir de relevés sur l'ensemble du pays. Cela
permet de fixer les idées, et de couper à la racine les velléités de trucage
des résultats, alors que les matériels de vote seront entreposés au secret (?)
pour une période d'au moins deux semaines avant la publication
officielle.
La pluie drue qui avait sanctifié la journée de vote a fait place à un soleil
radieux, et les premières pousses apparaissent sur les arbres. Tout le petit
monde des rues a repris sa place, et j'ai surpris deux amis - dont l'un,
sévèrement touché par la guerre, avait sûrement grand besoin de l'affection de
l'autre - en train de pousser gravement leurs pièces de bois sur l'échiquier
calé sur l'ouverture d'une poubelle, à l'ombre d'un étal. On remarquera
l'astuce qui consiste à coincer les pièces prises dans l'interstice...
2014 avr. 5
Par Gauhar
Pas de photo pour ce jour symbolique et si important, les esprits sont
inquiets, les doigts tendus sur les gâchettes. Je reste chez moi, selon les
conseils de l'Ambassade et le bon sens.
Afghanistan zindabad !
P.S. : La journée se termine à Kaboul avec un énorme orage !
2014 mar. 30
Par Gauhar
Tout placide au bord de son trottoir entre deux voitures, voici un travailleur
kabouli à son casse-croûte. Je l'ai rencontré sur le parcours de la promenade
que je me suis octroyée pour meubler le temps mort imposé par la coupure
d'électricité maintenant quotidienne aux heures de bureau.
La ville est étrange, tout hérissée qu'elle est des escouades de forces
spéciales qui assurent sa sécurité, à laquelle pas grand monde ne croit si j'en
juge par la faible circulation à l'heure de pointe. Je n'ai pas pu vous faire
une photo appropriée, je serais sinon maintenant bien incapable de vous écrire
du fond de mon oubliette à la wilayat, la prison centrale de la
capitale
Du coup, j'ai pris mon temps et fait le tour des boutiques de Chicken Street
qui se trouvait sur mon chemin : je cherchais à me procurer un chargeur
pour la batterie de mon appareil photo, et il n'y a qu'à chahar-rah-e
sedarat qu'on trouve ce genre de matériel... juste à côté, justement, de
la wilayat
Bon, j'en ai profité pour acheter à une échoppe de rue un casse-croûte qui a
avantageusement remplacé le repas froid auquel les circonstances m'auraient
sinon obligée. Et oui, il y a déjà des fraises à Kaboul... pas extrêmement
sucrées, je vous l'accorde, mais elles ont du goût !
2014 mar. 26
Par Gauhar
C'est la caractéristique du climat kabouli : plus froid l'hiver, plus
chaud l'été, et plus sec tout le temps. Aujourd'hui, les prévisions météo nous
donnent exactement les mêmes paramètres à Kaboul qu'à Paris. Et à partir
d'aujourd'hui se fait la différence : nous allons vers un printemps doux
et ensoleillé, alors que Paris reste dans la fraîcheur pour quelques semaines
encore.
Joyeux printemps à tous !
2014 mar. 23
Par Gauhar
Pour célébrer le printemps, chaque famille prépare une boisson énergisante à
base de fruits secs : raisins et baies de toutes couleurs, abricots,
prunes, mûres, amandes, jujubes, pistaches, noix variées, peu importe le choix
final du moment qu'il y en a sept. Ils sont mis à macérer dans de l'eau
parfumée, et le résultat est servi frais à tout moment de la journée, en
particulier au lever.
Merci à la maman de Shakeeb qui m'a régalée.
2014 mar. 21
Par Gauhar
Ça faisait bien longtemps que je voulais vous présenter l'écurie de pigeons qui
se promène sous mes fenêtres tous les jours. Ce Nouvel An est l'occasion rêvée,
avec sa lumière qui se prête au contraste dans le ciel et son symbolisme du
renouveau.
Merci au colombophile passionné qui prend son temps chaque jour, par tous les
temps, pour nourrir ses amis ailés et leur enseigner les joies du vol contrôlé
en groupe...
2014 mar. 19
Par Gauhar
Mon proprio n'a pas oublié que c'est la fin de l'année... Probablement que les
fonctionnaires des services publics sont venus clôturer l'exercice, et il s'est
empressé d'en répercuter les montants vers ses locataires solvables... J'ai
profité du soleil tout neuf pour aller à la banque :)
Ce drôle d'engin m'a attiré l’œil, posé non loin de deux chiffonniers en train
de fricoter dans une benne à ordure. C'est un condensé du système D afghan, de
la technologie 'moderne' (une bicyclette...) customisée selon les
particularités locales : un grand sac en jute toujours ouvert pour
recevoir à la volée tous objets de valeur, lequel sac est savamment dessiné
pour faire parapluie/paraneige au meneur du véhicule, qui trouvera également
une protection adéquate pour ses mains dans les manchons sur les poignées. Pas
fou, le ferrailleur afghan : il y a à récupérer en toute saison, et
l'hiver il fait souvent -20°C à Kaboul.
En rentrant à travers le quartier commerçant, j'ai essayé d'éviter les hordes
de gamins qui poursuivent les chalands dans l'espoir de leur vendre une babiole
ou d'en recevoir une aumône. La presse raconte comment certains sont embrigadés
par des réseaux qui font fortune de la charité publique, ou même loués par
leurs mères qui les assomment à l'opium pour les faire tenir tranquilles. En
l'occurrence, j'étais arrivée à m'éloigner suffisamment sans me laisser fléchir
(dès qu'on donne à l'un il y en a cinquante qui vous sautent dessus !) quand la
gamine aux yeux verts qui me harcelait avec des chewing-gums s'arrêta au coin
d'une rue - manifestement la limite de son territoire - et s'en retourna en
lançant dans mon dos : "Nowroz khush!"
Je venais de dire la même chose aux différents interlocuteurs de mes emplettes
de la matinée. Je suis revenue sur mes pas. J'ai fait aligner le groupe sur le
trottoir. Et j'ai fait leur bonheur :) "Bonne année !"
2014 mar. 18
Par Gauhar
Ouf, comme c'est bon de voir un soleil radieux qui commence à assécher la terre
gorgée d'eau. Les enfants courent dans la colline, les mères s'affairent à
laver les vêtements en préparation du nouvel an qui s'annonce, et les pères
organisent les festivités dans la plus pure tradition.
Ces chevaux surpris dans l'embouteillage au coin de ma rue viennent sûrement à
point pour contribuer à la bonne humeur de mon célèbre voisin ouzbek et
néanmoins vice-candidat à la présidentielle ;)
2014 mar. 11
Par Gauhar
Peut-être allez vous à la montagne en cette saison, pour profiter de la neige
et dévaler les pentes à ski... Peut-être préparez vous vos excursions en vous
renseignant auprès de Météo France sur le temps qu'il fera... Peut-être en êtes
vous satisfait.
Mais quand même, je me demande s'il y a un paramètre 'altitude', et un calcul
différencié de l'heure dans le gigantesque programme informatisé qui autorise
l'augure national à faire des prévisions sur l'ensemble du monde. Car, on vous
l'a assez dit, Kaboul est situé à 1.800 mètres, en plein milieu de l'Hindou
Kouch. Et le quidam qui passe en ce moment (il est presque neuf heures quand je
vous poste ce billet) sous mes fenêtres aurait toutes les raisons de s'en
trouver mécontent...!
2014 fév. 28
Par Gauhar
Dès que le ciel est dégagé, la rue au pied de mon immeuble voit passer tous les
petits métiers qui cherchent leur clientèle dans les habitations. Pour peu
qu'on ait l'oreille attentive, on peut identifier à son cri chaque colporteur.
Hier, c'est le son d'un mirliton qui m'a intriguée, et j'ai eu juste le temps
de voir passer un énorme bouquet de baudruches multicolores, accrochées au bout
d'une pique pour qu'on les voie de loin. Il a vite disparu derrière le mur, et
je n'ai pu capter que le défilé des enfants ravis avec leur trouvaille :)
Deux jours plus tôt, il y avait eu mon ami ;) le cantonnier orange...
Et aujourd'hui, c'est le chiffonnier qui harangue les habitants !
Sur toutes ces photos, on aura noté le contraste entre l'habitat traditionnel
en briques et torchis qui grimpe le long de la colline de l'autre côté de la
rue boueuse, et les maisons modernes en béton au premier plan, pour certaines
sécurisées comme des campements militaires.
Pour les plus attentifs, je signale aussi le piquet planté sur le mur
d'enceinte de la porte orange sur la gauche, et dont sort un câble qui semble
se diriger ...vers moi ! C'est la ligne ADSL qui me permet de vous écrire
A chacun de mes retours à Kaboul, je suis heureusement surprise que le câble
n'ait pas été sectionné par le passage intempestif d'un camion hors gabarit, ou
toute autre péripétie qu'aurait généré le folklore kabouli ;)
2014 fév. 20
Par Gauhar
Tout voyage a ses péripéties. Cette fois-ci, c'est dès le départ qu'une annonce
à voix éthérée nous promet une attente indéterminée avant d'embarquer, pour
cause d'épais brouillard à l'escale d'Istanbul. Aussitôt, les passagers les
plus blasés se mettent en mode campement : les pieds relevés sur le
bagage, le museau enfoui dans un communicateur d'urgence, chacun réagit selon
ses moyens et son expérience. Après une succession d'annonces contradictoires,
c'est finalement avec deux heures de retard que nous décollons, puis
atterrissons à Atatürk. Comme dit Shakeeb qui était du même voyage :
"Comme ça, au moins, on n'attendra pas à Istanbul !" Mais il avait l'air encore
plus inquiet de décoller ensuite à l'aveuglette.
A Kaboul, il fait heureusement presque doux. Le stage parisien m'aura permis
d'éviter les froids les plus rigoureux. Et la première coupure d'électricité -
une demi-heure seulement - n'a eu lieu qu'après que j'aie eu le temps de
chauffer les murs, ouf !
2014 fév. 16
Par Gauhar
C'est pour se délester des petits cailloux accumulés dans sa plomberie que
Shakeeb vient de passer quelques jours à Paris. Les anciens - ou même les
actuels - collaborateurs de la mission française en Afghanistan le connaissent
par les fonctions d'interprétariat qu'il y exerce depuis plusieurs années. Ils
apprécient aussi sa gentillesse et sa disponibilité pour régler les difficultés
qui ne manquent pas de surgir dans le quotidien d'un expatrié à Kaboul.
Son passage en France est alors l'occasion de s'acquitter de la dette
d'hospitalité qu'éprouve toute personne ayant vécu sur les pentes de l'Hindou
Kouch. Et le sourire qu'il arbore en découvrant certaines des merveilles de
l'Ile de France en est une petite part.