2014 avr. 23

Collines de Kaboul

Sher Darwaza, Kaboul
Ce matin, toute à la joie d'en avoir terminé avec le rapport sur les mineurs dans la justice traditionnelle que je livrerai demain à TDH, j'ai décidé de m'élever au-dessus de ma condition de simple habitante de Kaboul et d'aller me sanctifier dans le soleil levant, au milieu des tombes qui peuplent la colline devant ma fenêtre. Cela m'a permis d'élargir mon paysage, et de vous offrir maintenant un panorama (presque) complet de la guirlande de hauteurs qui ceinture Kaboul et en forme la cuvette.

La plus célèbre, ci-dessus, est Sher Darwaza, la porte du lion, 2213 mètres d'altitude, sur la partie gauche de la photo et dans la direction du sud-ouest par rapport à moi. Elle est brodée de la muraille du même nom, construite avant l'Islam mais nul ne sait vraiment quand, pour protéger la ville des envahisseurs. Sur la même photo, côté droit, c'est Koh-e Asmai, 2097 mètres, mieux connue comme 'montagne de la télévision', puisqu'en sa qualité de point central de la ville elle porte les stations d'émission et de relais des communications nationales. Dans la fêlure qui les sépare passe la rivière Kaboul, ou du moins le bourbier qui en porte le nom à la saison sèche et a donné naissance à la ville du même nom : kah poul, le pont de paille. Ces deux collines séparent en deux la ville : de l'autre côté se trouve la moitié sud, avec l'université, le parlement et les ruines du palais royal, Darulaman.

Tapa-e Galidzadan, Kaboul
En restant de mon côté et en se tournant vers le nord-ouest, le point culminant (2219m) de la première chaîne de colline sur la gauche s'appelle Koh-e Galidzadan, ou 'montagne du vieux', ou Koh-e Chehel Gazi, 'montagne des quarante voleurs'. En regardant attentivement, on peut imaginer le profil d'un homme regardant le ciel...La chaîne de colline sur la droite, en direction du nord à 2159 mètres maximum, est Khair Khana, 'la bonne maison', un des nouveaux quartiers de Kaboul avec ses lotissements sauvages et ses campements de nomades et de réfugiés à flanc de coteau. L'entaille entre ces deux barrières est le col de Khair Khana, où passe la route de Chamali, l'axe principal de communication vers le nord du pays. Derrière, c'est l'avant-garde de l'Hindou Kouch qui se profile, avec la montagne de Paghman à 4675 mètres.

Koh-e Rajah Rawash, Kaboul
Vers le nord-est et culminant à 2190 mètres, c'est la colline de l'aéroport, Tapa-e Rajah Rawash. C'est là que se joue tous les jours le ballet des hélicoptères de la coalition entre les va-et-vient des vols internationaux, au-dessus des tous nouveaux programmes immobiliers qui poussent comme des champignons. Un œil acéré peut distinguer au-delà la montagne du Panjshir et celle des Safi, toutes deux encore blanches.

Koh-e Chaperi Ghar, Kaboul
Bien qu'elle ne soit pas visible de là où j'étais ce matin, je termine ce tour d'horizon par un cliché pris de ma fenêtre il y a trois jours : c'est Chaperi Ghar, qui clôt la cuvette à 3360 mètres à une trentaine de kilomètres vers le sud-est. Elle surplombe la rivière Kaboul qui s'écoule vers Peshawar en traçant des gorges hallucinantes où se hisse la route de Djallalabad. C'est à son sommet que s'est écrasé, en 2005, un vol intérieur de la compagnie Kamair en provenance de Hérat. La rumeur indique qu'un puissant et coléreux passager avait contraint le pilote à décoller en dépit des menaces que la météo faisait planer sur les conditions d'atterrissage à Kaboul.

Commentaires

1

Quelle variété de luminosité avec toujours un caractère authentique. Splendides points de vues, merci Gaït

Gauhar: Merci Bruno, à bientôt

Le dimanche 4 mai 2014, 14:16 par Clicquot de mentque

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