Le blog de Gauhar

Tout à l'heure, alors que mon taxi démêlait les embouteillages kaboulis, j'ai vu une enveloppe DHL Express se promener sous mon nez derrière la vitre. La main qui la tenait appartenait à un homme jeune habillé de bric et de broc à la mode afghane, une veste sur un shalwar kamiz, avec un foulard autour du cou et des chaussures ayant perdu depuis longtemps le souvenir de leur dernier cirage. Il pataugeait au milieu des flaques laissées par l'orage de la veille, entre la voiture et le fossé, le seul passage possible pour les piétons sur cette artère principale dont les trottoirs ont été mangés par les protection de sécurité des bâtiments officiels.

Je n'ai pas eu le temps de saisir mon appareil photo, mais l'image m'est restée gravée, comme celle de tous ces Afghans qui essaient au jour le jour de faire au mieux pour concilier les exigences du monde moderne qui leur est promis (imposé ?) avec les réalités de leur vie impossible à prévoir au-delà de quelques jours, sous la menace perpétuelle d'un attentat ou d'un désistement de leurs partenaires étrangers.

Cette lettre sera sûrement arrivée à son destinaire, je n'en ai pas le moindre doute. Bon vent à cet inconnu furtif !