2013 avr. 20

Pigeons de Kaboul ?

Une mouette du Bosphore

Un battement d'aile dans le ciel parisien, c'est en général un ramier en quête, seul ou en couple, d'une aubaine comestible ou d'un lieu où nicher. On s'agace vite de leurs salissures quand ils choisissent votre fenêtre pour s'établir et l'on finit pas les ignorer pour ne pas leur être hostile. Il y a, à Istamboul, un léger retard cognitif avant de remarquer que les myriades d'oiseaux qui tournoient dans le ciel sont plutôt des mouettes, car oui, cette ville géante et polymorphe est d'abord un port de mer. Celle-ci me narguait à deux mètres, campée sur le bord de la jetée avant de reprendre son tournis dans le sillage des ferries.

Ma promenade hier en leur compagnie fut de celles qui transportent dans l'imaginaire du grand large. Elle s'est poursuivie en virtuel car les mouettes ont peuplé ma nuit de transit, dans les rêves hachés entre deux atterrissages. A tel point que ce matin, au premier mouvement dans le ciel de Kaboul, je pensai 'mouette !'... puis me repris d'un 'mais non, pigeon !' Et bien justement pas ! Les pigeons des villes afghanes ne traversent pas le ciel en solo, ils sont toujours en packs serrés contrôlés de loin par un maître les menant à la baguette. Les centaines de particules qui virevoltent dans le vent comme des copeaux au-dessus d'un feu sont des cerfs-volants :)

Ménager un accès à la mer est une des obsessions des politiques afghanes, mais ce n'est pas demain qu'on verra des mouettes à Kaboul, ni que les pigeons de kaboul, tous voyageurs ou apprivoisés qu'ils soient, résoudront la quadrature du cercle afghane : comment communiquer et échanger alors qu'on est justement localisé sur une fracture du monde ? Les Afghans vont-ils continuer à être ignorés comme le sont les pigeons parisiens ? Et leur art du cerf-volant restera-t-il un particularisme des confins ?

Bien arrivée, je suis ! Et il ne m'a pas fallu plus de vingt-quatre heures avant de récupérer chez moi une connexion internet ! Vous voyez, tout va bien ;)

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