2016 avr. 23
Le vieux de la montagne
04:25 - Par Gauhar - Saison 13 - Lien permanent
"Dawa push ! Dawa push !" Tel est l'appel que j'entendais tôt ce
matin sous ma fenêtre... Curieuse à mon habitude, d'autant que je comprends
plus ou moins le sens de ce cri (poseur de médicament...?), j'observe un petit
bonhomme coiffé d'un turban de guingois (comme les vieux hazaras) et portant
sur le dos un conteneur en métal : il en sort un tuyau de caoutchouc au
bout duquel est fixé un tube métallique qu'il brandit à la main droite, alors
que sa main gauche tient un sac en plastique contenant diverses boites de
carton. J'en déduis qu'il propose des services de fumigation de produits
variés, insecticide, herbicide, engrais ou autres...
A peine a-t-il tourné le coin que résonne déjà dans le vide des rues l'annonce
d'un autre, qui m'est, celle-ci, incompréhensible. L'émetteur apparaît dans
l'ombre de l'aurore sur un vélo harnaché de sacs en plastique, qu'il stoppe
quasiment sous mon nez - ou du moins dans l'axe de mon objectif - dans une
flaque de lumière reflétée par le bâtiment voisin. Une fois l'engin
soigneusement calé sur sa béquille, l'homme - pas bien vigoureux - franchit
l'égout pour aller frapper du plat de la main au portail métallique devant
lequel il s'est arrêté : deux coups fermes, puis il revient sagement à
côté sa bécane. Il n'attend qu'une ou deux minutes, et la porte s'ouvre pour
laisser passer une gamine qui lui tend un petit paquet. Impossible, de là où je
suis, de voir de quoi il s'agit. Une simple salutation est échangée, la
fillette rentre et le brocanteur satisfait remonte gaillardement son biclou
vers de nouvelles aventures.
Ainsi va le cycle de la récupération et de l'entretien des maisons
particulières, dans un quartier traditionnel de Kaboul aux très petites heures
du jour, alors que le soleil est à peine levé sur la colline du vieux de la
montagne, tapa-e Galidzadan.