2006 oct. 26

Eid Moubarak !

Ce matin, la ville resplendit comme un joyau. Ces trois jours de fêtes ont donné à chacun l'occasion de se montrer dans toute son élégance. On a vu dans les rues les garçons jouer au foot en costume trois pièces et cravate. On a admiré les fillettes parées comme des poupées. On s'est étonné de l'air subitement juvénile des hommes que l'on cotoye tous les jours, pour se rendre compte qu'il est dû à une discrète teinture du poil.

Moi-même, j'avais sacrifié à la tradition, en m'habillant ...

...d'une robe chamarée portée au-dessus d'un pantalon noir pour me rendre à l'invitation de Nasser, le driver du bureau, à partager son déjeuner familial au premier jour de la fête. Il habite une maison au flanc de la colline Ali Abad, celle que je regardais de ma fenêtre l'année dernière quand j'habitais au-dessous du Bagh-e Bala. Et la semaine dernière, alors que je pointais vers mon ancienne maison en passant sur la route qui monte vers l'Intercontinental à partir du rond-point de Karté Parwan, Nasser s'est exclamé : "C'est pour ça que j'avais l'impression de t'avoir déjà vue...! Tu devais passer par là quand on jouait au foot devant le cinéma Aryoub."

Quand on lui pose la question, Nasser répond que sa famille comprend douze personnes. C'est qu'en fait, en plus de sa femme et ses deux enfants (un fils de dix ans et une fille de onze), son domicile est partagé avec son frère aîné, qui lui a six enfants. La maisonnée est d'autant plus fusionnelle que les deux frères ont épousé, en même temps, deux soeurs, qui sont elles-mêmes leurs propres cousines. C'est un mariage des plus traditionnels ici. Tous sont d'une gentillesse charmante à mon égard, et l'attention mutuelle que se portent Nasser et son épouse témoigne d'un bonheur partagé.

Famille en fête Après trois jours de fête, ce matin donc, on pourrait croire que chacun se retrouve avec réticence devant la perspective de la reprise du travail. Mais outre que la gueule de bois n'existe pas ici (pour des raisons que Bacchus ignore), les éléments sont favorables à l'entretien de la bonne humeur. D'abord, les trois jours de l'eid enchaînent directement sur le repos hebdomadaire, car les autorités ont accordé le pont du jeudi.

Et puis un signe de bénédiction est venu alléger l'humeur morose des semaines précédentes : ces deux derniers jours il y a eu des orages accompagnés de pluies abondantes. D'uniformément terreuse, la ville est devenue multicolore : le vert des arbres qu'on ne voyait plus sous la poussière, les peintures en camaieu des façades, et même les vitres qui reflètent mieux les rayons purs du soleil levant. A l'horizon, on voit maintenant les montagnes couvertes d'une neige fraîche qui autorise à penser qu'un peu de toute cette eau est venue tempérer la sécheresse endémique du pays. Eid Moubarak !

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