2010 sept. 20
Choura à Sherwani Bâlâ
11:41 - Par Gauhar - Saison 5 - Lien permanent
...une expérience maritime antérieure est hautement favorable à l'adaptation à la circulation en blindé...
Hier matin, lever à cinq heures et demie pour se préparer à une première
sortie en VAB (véhicule de l'avant blindé, pour les ignares ;) ) Il s'agissait
de se rendre à cinq kilomètres de la base, au chef-lieu du district, pour se
faire présenter à un conseil commun de deux assemblées locales.
Sur la forme, j'en ai déduit qu'une expérience maritime antérieure est
hautement favorable à l'adaptation à la circulation en blindé, ne serait-ce que
pour apprécier les relents de fuel dans les fonds ou négocier les mouvements de
la machine, assimilables à ceux d'un voilier remontant au vent dans une mer
hachée. De plus, j'ai compris que l'exigence du port du gilet pare-balle et du
casque n'est pas dû à la crainte qu'un quelconque projectile traverse le
blindage (!), mais permet d'équiper en pare-battages individuels et portatifs
tous les personnels empilés à l'intérieur. Néanmoins, j'ai apprécié la
maniabilité de l'engin, qui permettrait de négocier avantageusement les
embouteillages ou créneaux parisiens...
Je ne vous décrirai pas le paysage, nous fûmes aveugles sur tout le trajet :(
mais en arrivant j'ai entraperçu par un coin du trou d'homme les feuillages
d'amandier qui témoignent de la subsistance dans le coin de ces forêts qui
étaient jusqu'à la guerre une caractéristique des régions montagneuses de l'est
de l'Afghanistan. Sortis du VAB après la demi-heure de trajet (dix
kilomètres/heure ???) dans notre meilleure tenue de circonstance, nous fûmes
accueillis par des visages impassibles, masquant à peine l'agacement des
habitants à voir leur village cerné par la moitié de l'effectif de la base pour
assurer la protection des quatre civils qu'ils avaient eu le malheur d'inviter
à leur choura.
L'argumentaire d'un tel déploiement de forces est de ne pas rejoindre dans leur
villégiature forcée nos compatriotes journalistes qui attendent depuis neuf
mois qu'on les libère. Le contre-argument serait que l'encouragement à la
coopération se nourrit de confiance réciproque. Manifestement, on n'y est pas
encore...