2010 sept. 15
Festivités traditionnelles et messages subliminaux
05:51 - Par Gauhar - Saison 5 - Lien permanent
...quelques réjouissances...
Depuis trois jours, ça n'arrête pas ! Les plus attentifs d'entre vous
auront remarqué que les musulmans fêtaient la fin du ramadan. Cela a donné lieu
ici à quelques réjouissances, histoire de témoigner du respect mutuel que se
portent les parties en présence.
Sur la base de Nijrab, la tente de l'atelier mécanique avait été dégagée et
meublée d'accessoires appropriés. Saisis de l'aubaine, le Front Uni des
Capitaines en Kapisa, dont sont membres de fait tous les capitaines de la base
(je vous laisse imaginer à quoi ressemble leur T-shirt), avait organisé la
veille au soir dans la salle une de ces réceptions dont les militaires ont le
secret. Je me suis eclipsée quand le karaoké a anonné "C'est pas l'homme qui
prend la mer..." de Renaud.
Le lendemain, sans se laisser abattre par les relents de la fête, les
vaillants officiers ont donc accueilli les notables locaux autour d'un repas à
l'afghane. En ce qui me concerne, j'aurais bien voulu profiter de l'occasion
pour approfondir les discussions en cours avec le président de la Cour d'appel
de la province en vue de l'inauguration prochaine d'un palais de justice dans
l'un des districts du sud. Notre homme s'est fait excuser, prétextant une
réunion urgente en ville. J'ai donc plutôt renouvelé les contacts avec la
directrice des Affaires féminines, que j'avais rencontrée un mois plus tôt avec
Palwasha.
Hier, c'est la version américaine de la fête à laquelle nous avons eu droit.
Convoqués par le général commandant la région Est (celle dans laquelle nous
nous situons et qui comprend une dizaine de provinces), les nobles gouverneurs
enturbannés, enpakolés ou même pour certains envestonnés (pour témoigner de
leur occidentalisation) se sont pliés aux contrôles de sécurité assommants qui
permettent d'accéder à la base de Bagram, où se tenait le banquet. Pour les
dédommager de leur dérangement, ils ont pu applaudir un célèbre chanteur
traditionnel, tout décoré de médailles en or en récompense de son talent.
Quelques généraux afghans ont reçu un aigle d'honneur. Notre petite délégation
française s'est néanmoins trouvée bien désoeuvrée car le gouverneur de Kapisa
avait snobé l'occasion, alors que nous l'avions vu la veille...
Pour moi, outre la fête, ce fut l'occasion de rencontrer d'autres intervenants du "Rule of Law" dans la région, et aussi de mesurer l'étendue de la puissance américaine déployée sur le site. J'en ai aussi profité pour me faire couper les cheveux. Et j'ai enfin compris pourquoi les militaires américains ont les cheveux aussi courts : ça leur permet de recontrer plus souvent les jolies coiffeuses :)