Le blog de Gauhar

Il était 4h16 quand je me suis décidée à allumer pour regarder... C'est ne trahir aucun secret que de vous dire que j'ai été réveillée par le coup de massue du canon Caesar. Tout le camp en a été remué. Et le Landerneau insurgé en a été inévitablement informé dès la chute du premier obus.

La volée d'une dizaine de tirs était destinée aux auteurs de l'embuscade, la nuit dernière, qui a coûté la vie à un jeune caporal et a blessé deux autres hommes du détachement français. Au passage, le déploiement d'artillerie lourde aura alerté tous les villages des vallées survolées, Nijrab, Tagab, Alasay, les jetant dans l'angoisse.

Les Afghans comprennent parfaitement la logique de la rétribution. Ils appellent cela badal : échange à égalité... Oeil pour oeil, dent pour dent, une très vieille maxime inventée pas loin d'ici, il y a trois mille ans, par Hammourabi, et reprise par la Bible ou le Coran par souci de modération. Ils l'appliquent scrupuleusement. Pour chaque victime de l'arrosage de cette nuit, on trouvera une famille d'insurgés en plus...

Ils savent aussi qu'il n'y a pas de "bon" côté d'un tube de 155. Leurs traditions incluent une procédure sophistiquée de réconciliation, qui passe par le nanawaty , la demande de pardon de la partie la plus puissante. Une fois la coutume aboutie, les adversaires se retrouvent indéfectiblement alliés, pour le meilleur et pour le pire.

Il n'y aura pas de vainqueurs à l'issue des affrontements entre la coalition internationale et les insurgés en Afghanistan. Il y aura peut-être seulement des gens en paix, et la mémoire des morts.