Le blog de Gauhar

Nous attendions un visiteur, ce matin à Tagab. J'en profitais pour essayer de faire rentrer le panorama dans le cadre de mon appareil par-dessus les rangées de 'concertina' quand l'adjudant m'a dit : "Mais pourquoi ne sortez-vous pas à la porte principale ?" Alors je suis passée devant les sentinelles médusées, et j'ai fait mon safari-photo.

Le paysage est le même que celui de ma précédente visite, en septembre. Les montagnes, impassibles, sont ornées d'une collerette de givre. La vallée a perdu ses feuilles, ce qui permet de voir au travers de la 'zone verte' et explique les opérations 'cinétiques' du moment, destinées à rouvrir la route nord-sud qui conduit de Mahmoud-e Raqi, chef-lieu de province, à Naghloo, sur la route Kaboul-Djallalabad. On la voit au second plan, la route... joliment goudronnée par les bons soins de la PRT, mais quasi déserte car bloquée à divers endroits par des barrages d'insurgés, qui exécutent les voyageurs semblant en cheville avec le gouvernement, ou de police, qui gardent une certaine propension à les rançonner sans discrimination. Au premier plan, les blocs de pierre servent à empêcher l'attaque de la porte par des camions-béliers.

L'impression de liberté que j'ai ressentie en m'aventurant quelques secondes à l'abri des fortifications s'est éteinte dès la reprise des discussions avec mes visiteurs. Comment oublier en effet que le simple fait de se présenter au camp des Français les met en danger d'être catalogués comme 'collaborateurs', et par suite victimes d'un sommaire procès des talibans ?

Ils sont venus, pourtant...