Le blog de Gauhar

Enfermé et serré bien au chaud contre le panneau du moteur dans le VAB de nuit, on ne voit strictement rien... C'est ainsi que je suis parvenue cette fois-ci à Tagab, dans le convoi logistique qui fait la liaison depuis Nijrab. Le trajet d'une vingtaine de kilomètres se déroule au rythme des appels que se lancent les soldats pour s'assurer de la cohésion de la caravane... 'Ralentis un peu !', lance la vigie arrière qui s'inquiète du véhicule suivant, et son cri est retransmis de personne à personne pour couvrir le bruit du moteur dans le caisson, jusqu'au conducteur qui obtempère. Bientòt arrivera l'ordre inverse... 'ça suit !' ...et toute la colonne reprendra son train de colimaçon vers le but.

Partis de Nijrab à une heure du mat', nous avons atteint Tagab sans incident en un peu moins d'une heure. J'y ai été accueillie sous le grandiose plafond étoilé entièrement dégagé par un vent à décorner les boeufs. Au matin, le paysage lumineux se déploie dans ses moindres détails, meme pas masqués par le ballon de surveillance qu'il a fallu amener de peur que son amarre lache. Les couleurs sont encore différentes de la dernière fois, un peu de vert tendre est apparu dans le fond de la vallée, et les pentes se parent de ces couleurs improbables qui naissent de la germination des fleurs printanières. Pas de photos pour vous, pourtant, j'ai oublié mon appareil.

Pas d'accents circonflexes non plus dans ce message, je vous écris depuis le cybercafé local, qui est équipé par un prestataire italien, avec les claviers correspondants ;)

Mais je suis bien occupée à faire aboutir, avec des interlocuteurs rencontrés à plusieurs reprises déjà, le montage du projet de réconciliation des acteurs de la justice locale. Certains se cachent par peur des représailles, d'autres affirment par la force leur intention d'occuper le terrain, tous sont tendus vers l'espoir d'une amélioration. Ca suit donc... peut-etre ?