2011 nov. 4
Delhi, Saket, Max Hospital
16:08 - Par Gauhar - Saison 6 - Lien permanent
...Ici, les gens sont à la fois attentifs et dégagés, comme si rien n'avait
d'importance...
Au milieu de quartiers denses, à la lisière de parcs aérés, un gigantesque
bâtiment moderne, largement ouvert sur la ville. Outre que je peux marcher
tête, bras, pieds nus, outre que l'accès est sans contrôle de sécurité, sans
contraintes - presqu'un choc pour moi après dix-huit mois d'Afgha - c'est la
décontraction nonchalante des visiteurs qui fait la différence. A Kaboul, les
citadins sont calmes, mais on sent la tension à fleur de peau avec une sorte
d'acceptation de l'inévitable. Ici, les gens sont à la fois attentifs et
dégagés, comme si rien n'avait d'importance.
La météo est parfaite, la période ne pouvait être mieux choisie, air doux,
soleil légèrement voilé, nuits fraîches. La climatisation que j'abhorre est
inutile, et les trajets en rickshaw sont largement ventilés ;) Dans la rue, un
certain nombre de passantes me font penser à Fazi par leur allure, leur
démarche, leur teint, leurs traits, leurs parures, leurs couleurs.
Je pense alors à cette farandole d'amies qui m'ont accompagnées jusqu'ici, qui
m'ont initiée comme une soeur aux mystères et aux charmes du centre du monde...
Samia et Fazi à Islamabad, m'ont devancée dans la fusion des cultures, l'une en
Hollande, l'autre aux Etats-Unis... Hayat, amarrée à la vie parisienne mais le
compas toujours fixé sur le Maroc qu'elle et Rhizlaine m'ont transmis par
osmose.... Palwasha, enfin, m'a apporté Kaboul que je rêvais depuis si
longtemps avant de m'y installer par son courage, sa vision, ses doutes.
Ces doutes... qui la mangent de l'intérieur comme c'est le cas pour 95% des
Afghans. C'est d'ailleurs la raison de notre présence aujourd'hui dans l'un des
fleurons de la technologie hospitalière indienne. Le docteur, qu'elle consulte
depuis plusieurs années, est étonné de sa visite : tout va bien !
Mais je sais bien ses angoisses, ses déchirements, ses pleurs nocturnes... et
même les inquiétudes que Palwasha entretient à propos de quelqu'un d'aussi
protégé que moi, qui vit les privilèges des expatriés de Kaboul.
L'hôpital indien ne guérira pas Palwasha... Qui le peut ?
P.S. : La nuit dernière, et ce soir encore, je suis alertée par des
détonations. Paswasha se moque de moi : ce ne sont que des pétards pour
fêter les mariages :) Autre ville, autres codes...
Commentaires
Comment vas-tu? On pense à toi... Bises Fred
Gauhar: Merci, je vous embrasse
Le samedi 5 novembre 2011, 21:22 par Taïc