2011 nov. 10
Amazones indiennes : Delhi, Agra, Poona, Mumbai
12:57 - Par Gauhar - Saison 6 - Lien permanent
... les jeunes filles attentivement penchées sur le passé ...
Quelle élégance, ces sveltes indiennes en sari somptueux qui roulent vers leur
prochaine occupation tendrement appuyées contre le dos de leur mari, en amazone
derrière la moto...! Elles passent tellement vite au milieu du brouhaha des
embouteillages de Delhi, propulsées par l'ardeur impatiente de leur cavalier,
qu'on oublie presque qu'ici le ratio du sexe féminin diminue
régulièrement : certaines petites filles subissent une condition si
désastreuse qu'elles meurent en bas-âge plus fréquemment que les garçons,
certaines futures mères se font avorter plutôt que de laisser endurer à une
fille les mêmes misères que celles qu'elles ont vécues.
Bien sûr, ce n'est pas l'idée qui se dégage du splendide tombeau à l'amour
construit à Agra par l'un des descendants du conquérant afghan Babur, Shah
Jahan, pour sa défunte épouse Mumtaz Mahal, le Taj Mahal. L'ouvrage prit
vingt-deux ans à ériger, une architecture délicate de coupoles roses ou
blanches, posées pour l'éternité humaine au milieu de jardins et de fontaines.
Cette merveille dûment estampillée par l'UNESCO est le pendant du monument de
poésie que le prince veuf écrivit pour vanter les qualités de sa femme :
belle, douce, gentille et gaie, elle mourut en mettant au monde leur
quatorzième enfant... Nul pourtant ne connaît réellement les pensées de cette
égérie restée illettrée et dont le monde se bornait au magnifique palais de son
mari... Le grand-père de Shah Jahan, Akbar, avait été le plus grand empereur
moghol, et cherché à appuyer sa politique sur une culture de tolérance
universelle en se faisant l'apôtre d'un synchrétisme musulman, hindou,
bouddhique, chrétien... qu'il imposa par la force. La belle-mère de Shah Jahan,
la favorite Noor Jahan de son père Jahangir, avait eu plus de pouvoir que
n'importe quelle femme de son époque. Shah Jahan, lui, voulut faire du Taj
Mahal une synthèse des connaissances architecturales et artistiques de son
époque. Il semble qu'il ait réussi.
Le contraste entre le saisissant mausolée d'Agra et la cité industrielle qui
l'étouffe de son activité myriadique rappelle celui qui frappe en voyant à
Poona, ville militaire, résidentielle et universitaire, les scooters de la
jeunesse dorée chevauchés ici par des filles seules, en jean et tee-shirt, se
faufilant gaillardement entre les files de voitures, protégées d'un simple
châle de coton noué autour de la tête et des épaules dont on ne sait plus bien
s'il est utile contre la poussière, contre le bronzage qui assombrirait leur
peau, ou pour l'anonymat ;)
Quand on arrive à Bombay, la porte de l'Inde, on absorbe ce grouillant mélange
des monde, cette intime fusion des éléments, on entre de plain-pied dans le
présent. Le sanctuaire archéologique de l'île Elephanta est niché au milieu
d'un énorme complexe portuaire et pétrolier, où défilent nuit et jour les
tankers approvisionnant en énergie le miracle indien. Les jeunes filles
attentivement penchées sur le passé, réel ou mythique, qui les a poussées
jusqu'ici dans la danse éternelle de Shiva et Parvati, se préparent à dérouler
les vagues de notre futur à tous.
Commentaires
Tout simplement beau texte .........
Bisous
Didier
Gauhar: Bises :)
Le jeudi 10 novembre 2011, 18:23 par Didier