2011 nov. 30
L'adieu à Nijrab : nous sommes tous des femmes afghanes !
13:59 - Par Gauhar - Saison 6 - Lien permanent
...rendre visite aux amis ?
A l'été 2010, fraîchement débarquée à Nijrab, je déclarais à qui voulait
bien l'entendre que les militaires partiraient, mais que mon ambition était de
rester, ou en tous cas de pouvoir continuer après leur départ à rendre visite
aux amis que j'aurais faits dans la vallée.
Le constat est décevant. Les occasions de créer des liens ont été rares, et le
deviennent de plus en plus. Il y a bien quelques acteurs locaux de la justice
qui me reconnaissent et m'accueillent avec intérêt, sinon avec sympathie, et
d'ailleurs dimanche dernier à l'occasion de la cérémonie d'ouverture de la
première session de formation du programme SeLJuKaS j'en ai salué certains.
Mais il m'est impossible de les rencontrer sur leur terrain, parce strictement
exclu par les règles de sécurité qui sont imposées aux ressortissants français
travaillant en Afghanistan pour les intérêts de la République. Le mot d'ordre
est : "zéro otage, zéro perte, zéro risque."
Aujourd'hui, alors que j'arpentais le camp à la recherche de ma photo d'adieux,
c'est la tristesse qui dominait. Bien sûr, les montagnes sont toujours là, dans
leur superbe indifférence au-dessus des vallées soigneusement entretenues. Bien
sûr, les hélicoptères continuent à amener leur lot de personnalités de tous
poils aussi curieuses des "bonnes pratiques de terrain" que désireuses
d'échapper pour quelques heures à la pollution des enclaves kaboulies.
Mais en fin de compte, quelle différence y a-t-il entre les contingents
consignés sur leurs bases pour éviter au chef de l'Etat d'affronter l'opinion
publique à laquelle on a servi la fable d'une situation assainie, et les femmes
afghanes enfermées dans leurs maisons pour préserver l'honneur du chef de
famille ?