2015 janv. 24

Stress sécuritaire

Toujours pas de photos originales à vous communiquer, ma première semaine d'intermède parisien se termine. Mais les nouvelles qui arrivent de Kaboul n'ont pas besoin d'illustrations. Des manifestations se produisent un peu partout dans le pays pour exiger le châtiment des journalistes blasphémateurs de Charlie Hebdo, et à défaut la fermeture de l'ambassade de France en Afghanistan. Par ailleurs, les parlementaires afghans bloquent la confirmation de nombreux ministres potentiels sous l'argument qu'ils possèdent une deuxième nationalité qui les exonèrerait de leur responsabilité face au pays en cas de malversation.

Ce n'est pas un hasard si ces deux incidents, apparemment sans rapport, se produisent à la même période. Et provoquent débats et altercations dans la population. Au parlement, la séance a du être levée parce que deux membres de l'assemblée - des femmes - en sont venues aux mains. Les manifestations anti-Charlie suscitent des réactions hostiles et parfois violentes dans la population. C'est que le pays est aux prises avec une augmentation de l'insécurité : les attaques des insurgés augmentent en rapport inverse du retrait des forces internationales ; simultanément l'aide en provenance de l'étranger diminue et les élites du pays s'en vont.

Les Afghans de base, ceux qui ne pourront pas partir, ceux qui ont traversé sur place les trente dernières années de guerre, se replient sur leur seule mesure de survie : le recours à la solidarité du groupe soudé par ses traditions, uni dans sa pureté originelle. La loyauté prédomine sur la liberté individuelle. Toute proposition de changement est vécue comme une trahison. Les plus vulnérables réagissent le plus violemment.

A nos décideurs en politique internationale, je dis : si vous voulez que l'Afghanistan cesse d'être cette nouvelle ligne Maginot, indéfendable et à coup sûr catalyseur de désastre mondial, arrêtez de penser militaire, passez à l'humain. Les personnes qui vivent sur cette zone de fracture entre blocs géo-stratégiques sont des gens comme vous et moi. L'information diffusée dans les médias s'honorerait de produire en Une les attentes pacifiques et humanistes de la majorité d'entre eux plutôt que les pétages de plombs occasionnels. Ça s'appelle mettre de l'huile sur le feu. Et qui s'en frotte les mains ?

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