2015 janv. 24
Stress sécuritaire
09:48 - Par Gauhar - Intermède - Lien permanent
Toujours pas de photos originales à vous communiquer, ma première semaine
d'intermède parisien se termine. Mais les nouvelles qui arrivent de Kaboul
n'ont pas besoin d'illustrations. Des manifestations se produisent un peu partout dans le pays
pour exiger le châtiment des journalistes blasphémateurs de Charlie Hebdo, et à
défaut la fermeture de l'ambassade de France en Afghanistan. Par ailleurs,
les parlementaires afghans bloquent la confirmation de nombreux
ministres potentiels sous l'argument qu'ils possèdent une deuxième
nationalité qui les exonèrerait de leur responsabilité face au pays en cas de
malversation.
Ce n'est pas un hasard si ces deux incidents, apparemment sans rapport, se
produisent à la même période. Et provoquent débats et altercations dans la
population. Au parlement, la séance a du être levée parce que deux membres de
l'assemblée - des femmes - en sont venues aux mains. Les manifestations
anti-Charlie suscitent des réactions hostiles et parfois violentes dans la
population. C'est que le pays est aux prises avec une augmentation de
l'insécurité : les attaques des insurgés augmentent en rapport inverse du
retrait des forces internationales ; simultanément l'aide en provenance de
l'étranger diminue et les élites du pays s'en vont.
Les Afghans de base, ceux qui ne pourront pas partir, ceux qui ont traversé sur
place les trente dernières années de guerre, se replient sur leur seule mesure
de survie : le recours à la solidarité du groupe soudé par ses traditions,
uni dans sa pureté originelle. La loyauté prédomine sur la liberté
individuelle. Toute proposition de changement est vécue comme une trahison. Les
plus vulnérables réagissent le plus violemment.
A nos décideurs en politique internationale, je dis : si vous voulez que
l'Afghanistan cesse d'être cette nouvelle ligne Maginot, indéfendable et à coup
sûr catalyseur de désastre mondial, arrêtez de penser militaire, passez à
l'humain. Les personnes qui vivent sur cette zone de fracture entre blocs
géo-stratégiques sont des gens comme vous et moi. L'information diffusée dans
les médias s'honorerait de produire en Une les attentes pacifiques et
humanistes de la majorité d'entre eux plutôt que les pétages de plombs
occasionnels. Ça s'appelle mettre de l'huile sur le feu. Et qui s'en frotte les
mains ?