2017 avr. 26
Au revoir ?
19:01 - Par Gauhar - Migrations - Lien permanent
L'amertume sourdait dans la tristesse, ce matin sous le soleil piquant, quand
les Noirmoutrins ont assisté impuissants au départ de leurs "gars" vers un
nouveau lieu d'accueil. Ces huit jeunes gens afghans et pakistanais avaient
débarqué à l'automne dernier, transportés en car par l'administration française
depuis Calais vers un point de chute choisi au hasard parmi ceux disséminés
partout en France, sans cohérence globale autre que le volontariat local. A
l'initiative de sa Maire, la commune de la Guérinière en avait été. Tout un
groupe de bénévoles de l'Île s'était alors mobilisé pour rendre leur séjour
agréable à ces déracinés, démunis de tout et loin de leurs familles souvent
quittées depuis plus d'un an dans l'angoisse et la précipitation. On savait que
c'était provisoire, les logements devant être libérés avant l'été pour revenir
à leur destination habituelle, l'hébergement de gendarmes saisonniers. Mais les
services centraux avaient assuré que ce laps de temps serait suffisant à
clarifier les dossiers officiels dans la perspective d'une intégration.
En presque six mois donc, des liens forts se sont noués avec ces jeunes
migrants forcés. Pour égayer leur état d'esprit indexé sur le tracas des
demandes d'asile, l'équipe d'accueil - bénévoles et travailleurs sociaux - a
animé tout un programme d'activités linguistiques, culturelles et sportives et
de suivi sanitaire. Le caractère de chacun d'entre eux, le traumatisme qui l'a
mené sur les chemins de l'exil, ses aspirations à un avenir meilleur restaient
pourtant l'objet des inquiétudes de la petite communauté qui s'est organisée
autour d'eux. Alors, quand se sont succédées les annonces de rejet de chacun
des dossiers, quand les arcanes des procédures se sont faites de plus en plus
incompréhensibles sinon carrément injustes, l'humeur générale s'est détèriorée,
chez les hôtes comme chez les invités.
Aujourd'hui, alors que les larmes coulaient sans retenue dans les embrassades
de la séparation, les commentaires fusaient : "Pourquoi détruit-on une
intégration qui se passait si bien ? C'est comme si quelqu'un cherchait à
les regrouper pour pouvoir plus facilement les expulser le moment venu !" On se
demande alors s'il ne serait pas opportun de porter la question au niveau
politique national... Garantir le droit d'asile et en appliquer généreusement
les dispositions ne serait-il pas un engagement qui pourrait faire la
différence dans la course à la présidentielle française ?
Alors seulement l'antienne de la fraternité pourrait-elle se prévaloir de
mettre un pont entre la liberté et l'égalité.
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Le jeudi 27 avril 2017, 09:04 par Gauhar