2017 mai 31
Chahar-Rah-é Zanbaq
13:15 - Par Gauhar - Migrations - Lien permanent
Voici ma photo la plus proche du carrefour où a eu lieu ce matin l'attentat
suicide qui a fait plus d'une centaine de morts à Kaboul, à proximité de
l'ambassade de France... et du lycée Amani financé par la coopération
allemande ! La photo date d'octobre 2012. On peut craindre que de nombreux
enfants fassent partie des victimes. Et voilà ce que j'écrivais à la même
époque à propos de ce carrefour :
"Il y a à Kaboul une kyrielle de carrefours symbolisant les ruptures
tribalo-traditionalistes, qui supportent l’essentiel des tensions. Ce sont des
lieux d’insécurité structurelle parce qu’y sont postés des points de contrôle
militarisés, destinés à protéger les occupants d’un des côtés de la barrière
contre les occupants de l’autre côté. C’est sur ces endroits que se concentrent
les risques d’attentat suicide ou autre incident de sécurité. Le chauffeur ou
le piéton le plus nonchalant ne peut se défaire d’un sentiment d’urgence en
franchissant l’un de ces contrôles. L’un d’eux est Tchahâr-râh-é Zanbaq à
l’entrée de la ‘zone verte’, la zone ‘sécurisée’ qui abrite le palais
présidentiel et un certain nombre d’ambassades, celles des Etats-Unis et de
France notamment. Tchahâr-râh-é Zanbaq est l’endroit que doivent franchir à
pied les visiteurs de l’ambassade de France qui ne disposent pas d’un véhicule
muni d’une habilitation de sécurité. Depuis dix ans avec la détérioration des
conditions de sécurité, les conditions d’habilitation des véhicules se sont
faites de plus en plus restrictives. Le nombre de personnes obligées de
franchir à pied la centaine de mètres séparant le point de contrôle de l’entrée
de l’ambassade de France a augmenté en rapport. Il n’est pas possible aux
véhicules, par manque de place mais aussi par souci de prévention contre les
attentats à la voiture piégée, de se garer à proximité du point de contrôle. Et
par ailleurs, les artères le desservant sont embouteillées en raison des
contrôles, ce qui rend aléatoire le moment potentiel du passage d’un véhicule
pour le ramassage."
Anthropologie de l'égalité sur une fracture du système-monde, p. 230,
Editions de l'Harmattan, 2015
Déjà le marionnettiste qui tient lieu de président américain parle d'augmenter
les forces internationales en Afghanistan. C'est le contraire de la solution.
La vraie solution passe par le désamorçage du cycle de la vengeance en
engageant un vaste programme international civil de solidarité à la personne,
un revenu universel destiné à inverser la spirale d'insécurité et de violence
qui sape tout effort de coopération. Marc Zuckeberg, patron auto-enrichi de
Facebook, met justement
l'emphase sur la responsabilité des nantis dans la recherche de solutions.
Au niveau français, Benoît Hamon a construit un programme présidentiel autour
de ce constat. Ce sont de bonnes idées, elles exigent néanmoins, pour être
efficaces, de se développer à destination des vrais démunis, les populations
qui vivent sur les zones d'affrontement des empires.