2006 sept. 29

Libération à Kaboul

Qu'est-ce qu'un bonheur d'expatriée ? C'est un coup de fil en milieu d'après-midi, qui se transmet de proche en proche, avec quelques mots tous simples : "Il vient d'être libéré !" Lui, c'est Diego, un humanitaire colombien qui travaille en Afghanistan depuis plusieurs années avec des ONG françaises. Il était en 2005 responsable de programme chez Afghanistan Demain, où j'occupe actuellement une fonction similaire. Il a été enlevé il y a trois semaines, avec deux collègues afghans...

... au cours d'un déplacement dans le Wardak, une province du centre de l'Afghanistan, dans ses fonctions de chef de mission de Madera qui fait du développement rural. Tous trois sont sains et saufs. La bonne nouvelle touche en plein coeur la collègue que je remplace chez AD et qui a travaillé avec Diego à maintes occasions.

Je vis cet événement comme une sorte de mauvais rêve à répétition : l'année dernière déjà, mon arrivée à Kaboul avait été encadrée par un enlèvement d'expatrié, une italienne très proche des personnes qui m'accueillaient. Dans les deux cas, le petit monde de l'humanitaire est resté nimbé d'un optimisme délibéré, entretenu en sourdine par les commentaires rassurant des diplomates occupés à faire valoir comme des malentendus ces accrochages géo-politiques.

Verre à moitié plein ? Les consignes de sécurité se sont pourtant renforcées depuis un an : pas de promenades à pied seule dans la ville... moins de conduite de voiture... des bulletins de sécurité annonçant régulièrement de nouveaux attentats... De là-bas, chez vous en France, on ne reçoit par les média que des nouvelles alarmantes. Ici, nous les recevons en direct... Nous voyons aussi que la circulation en ville s'est améliorée, parce que de nouvelles routes ont été ouvertes. Les programmes tournent, apportent un réel soutien à des ...chanceux ?

Mais y a-t-il un seul chanceux en Afghanistan ? Il y a des profiteurs, bien sûr, et tous ne sont pas Afghans... Une libération d'humanitaire à Kaboul n'y fait pas le printemps.

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