2006 oct. 13

Réunion d'enfants

Plusieurs ONGs dont la nôtre, qui s'occupent des enfants deshérités en Afghanistan, sont regroupées au sein d'une structure, le Child Rights Consortium, pour assurer une meilleure cohérence et une meilleure visibilité à leurs activités. Un des objectifs du CRC est de sensibiliser la société afghane aux droits de l'Enfant.

Nous avons donc réuni des représentants des enfants de chacune de nos associations...

... pour les impliquer dans la préparation de la prochaine Journée internationale des droits de l'Enfant, le 20 novembre. Il fallu faire parler une dizaine de garçons et filles entre 10 et 13 ans qui ne se connaissaient pas, et qui pour la plupart n'étaient jamais sortis de leur milieu familial et de leur quartier déshérité, sauf pour fréquenter les cours d'alphabétisation et de rattrapage scolaire prodigués par les centres du CRC.

Pour Afghanistan Demain, il y avait Shahidullah, 12 ans, qui venait de Deh Mazang, où il travaille à la boutique de son oncle quand il n'est pas au centre. Il y avait aussi Chekeba, 13 ans, une jolie fille aux yeux jaunes, bavarde comme une pie quand on lui en donne l'occasion. Elle s'occupe chez elle des travaux domestiques, sauf quand elle se rend au centre de Qala-e Wakil. Autour de la table de réunion, tous ces enfants étaient pourtant bien timides au milieu des adultes qui les chapeautaient. Pour Afghanistan Demain, c'est Timour Shah, notre coordinateur social, qui pilotait la délégation. Pachtoun de 28 ans, il a été éduqué et a appris l'anglais en exil à Islamabad, capitale du Pakistan. Il avait commencé à AD comme traducteur. Il s'est progressivement imposé comme un des piliers de l'activité.

Rapidement, Chekeba a montré sa détermination : elle se levait avec assurance pour s'exprimer, commençant ses déclarations par les invocations rituelles. Au bout de quelques instant, il apparut qu'elle prenant de l'ascendant sur le groupe des enfants : à chaque fois qu'elle levait la main pour voter sur une des activités proposées, les autres la suivaient sans un mot. En conclusion, le groupe convint d'organiser le jour dit une manifestation dans un lieu couvert qui pourrait être la tente de la Loya Jirga. Divers ateliers qu'ils animeront eux-mêmes montreront les talents créatifs et culturels de nos enfants : dessin, poésie, chant, cirque, travail manuel, sport, etc. En contrepoint, ils apporteront aussi des objets témoignant de leurs activités dans la rue (récupération de matériaux, vente à la sauvette, cirage de chaussures, etc.) ou à la maison (tapis, travaux ménagers). Il ne reste plus qu'à mettre tout ça sur pied, et à en faire un événement médiatique...

Nous avons ramené jusqu'à leur centre nos deux délégués. A l'entrée dans la rue cahotique qui traverse les taudis de Qala-e Wakil, nous avancions lentement au milieu des passants que la voiture semblait déranger. Chekeba a commencé à s'agiter à côté de moi. Elle s'adressa alors à Timour Shah d'un ton insistant... et la voiture s'arrêta pour la laisser descendre. Nous avions encore plusieurs centaines de mètres avant d'atteindre le centre, et je m'inquiétai : "Sa maison est par là ? - Non, elle ne veut pas qu'on la voie dans la voiture, les gens d'ici pourraient la reconnaître et dire du mal d'elle. Elle continuera à pied."

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