2007 sept. 15

En guise d'au-revoir

Glaneuses koutchies

En forme d'au-revoir, ces femmes koutchies...

En forme d'au-revoir, ces femmes koutchies. Comme chaque mois, elles se sont présentées un vendredi matin à notre porte, pour récolter l'herbe de la cour. Ce sera le fourrage de leur bétail pour les jours qui viennent, et il y a de nombreux jardins kaboulis pour faire vivre les centaines de familles nomades qui estivent à Kaboul. A l'automne, on verra leurs troupeaux se répandre sur les routes pour atteindre des régions moins froides l'hiver, Djallalabad ou Kandahar.

Les femmes koutchies sont réputées pour leur force de caractère et leur relative liberté. Dans aucune autre ethnie afghane, en effet, les femmes ne pourraient ainsi circuler. Elles sont respectées par le groupe. Elles ne portent pas la burqa. Leurs vêtements aux couleurs vives sont d'ailleurs un des attributs de leur statut. Visibles de loin, elles ne pourront être confondues avec des individus du sexe masculin, qui seraient eux des cibles automatiques s'ils étaient repérés dans le périmètre de campements étrangers. Les sandales chinoises en plastique et les tissus synthétiques ont remplacé l'artisanat traditionnel, mais la fonction d'identification par le costume est toujours remplie.

Plusieurs fois déjà j'avais essayé d'en faire de 'bonnes' photos... un sourire éclatant ou complice, une posture dynamique... Mais non, à chaque fois que je m'approchais d'un peu plus près, elles tiraient leur voile sur le visage et me tournaient le dos, tout en continuant leur moisson à la faucille. Aujourd'hui, j'ai de nouveau essayé à partir du balcon, à la sauvette... Elles m'ont aperçue avant que j'aboutisse. La plus vieille pourtant a changé de posture, et a finalement levé vers moi un visage interrogatif, une main tendue dans le geste universellement reconnu de la palpation d'un billet... en expliquant qu'elles avaient des familles à nourrir. Alors que j'acceptai d'un éclat de rire, elles se sont alignées toutes trois, têtes baissées comme à l'abattoir.

Je suis descendue avec mon aumône. Et voilà le résultat. L'oeil évite l'objectif pour garder un semblant de pudeur, ou laisser croire que la photo a été volée. Au fond du jardin, le garde fait mine de ne rien voir !

Commentaires

1

Tes récits sont toujours fins & justes. C'est très beau.
Tu fais signe en arrivant ?
Affectueusement
Yves


G.: Je serai à Paris le 25, j'espère. Je vous embrasse tous.

Le lundi 17 septembre 2007, 21:17 par yves

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